Qu'est-ce que l'agroforesterie ?

L’agroforesterie : une pratique d’intérêt pour la transition agroécologique !

L'agroécologie est un ensemble de techniques visant à concevoir des systèmes alimentaires durables et équitables, respectueux des hommes et de leur environnement. Elle s'appuie sur une approche qui mêle agronomie, écologie, économie et sociologie. L'agroécologie promeut des systèmes de production agricole qui valorisent la diversité des plantes et des animaux ainsi que l’utilisation des processus naturels comme le recyclage de l’azote, du carbone et de l’eau. Elle cherche également à équilibrer les populations d’insectes nuisibles et bénéfiques pour les cultures, réduisant ainsi l’utilisation de produits chimiques extérieurs.

L'agroécologie tient compte du fait que l’agriculture et l’alimentation sont étroitement liées aux communautés et à l’environnement. Elle met ainsi en avant l’importance des connaissances locales, de la participation collective et de la lutte contre les inégalités sociales. C'est une approche spécifique à chaque contexte, où les producteurs et productrices, premiers concernés et meilleurs connaisseurs de leur environnement, sont les plus à même de décider de la pertinence d'une solution.

L’agroforesterie est une pratique agroécologique qui intègre les arbres au cœur des cultures et parfois des élevages sur une même parcelle agricole. Cette technique s’adapte à une large gamme de sols, allant des zones arides et peu fertiles aux régions plus humides. En combinant arbres et cultures, l’agroforesterie imite la nature où les espèces vivent en symbiose avec d'autres espèces et sont interdépendantes.

Dans le contexte spécifique de la culture du cacao en Afrique subsaharienne, l’agroforesterie vise à reconstituer un environnement semblable à une forêt, améliorant ainsi la fertilité des sols et par conséquent la productivité des cacaos. Elle se présente comme une méthode appropriée, offrant une solution durable. En intégrant des arbres dans les systèmes agricoles de la région, l'agroforesterie permet de diversifier les parcelles agricoles, les ressources alimentaires et les revenus.

Les bénéfices environnementaux, économique et sociaux de cette pratique agricole

  • Avantages environnementaux :

L'agroforesterie favorise la préservation de la biodiversité en créant des habitats diversifiés pour la faune et la flore et en luttant contre les ravageurs et les maladies.

Elle contribue à l'amélioration de la qualité des sols en augmentant la matière organique et en réduisant l'érosion et la dégradation des terres. Elle permet aussi de réduire la pression sur les forêts et donc la déforestation.

Les systèmes agroforestiers jouent un rôle crucial dans la séquestration du carbone et l'utilisation plus efficace de l'eau disponible, contribuant ainsi à atténuer les effets du changement climatique.

  • Avantages économiques :

La diversification des revenus est l'un des principaux avantages de l'agroforesterie, avec la possibilité de générer des profits supplémentaires grâce aux produits forestiers non ligneux[1] et aux fruits.

En améliorant la sécurité alimentaire et en garantissant une production plus stable et des rendements plus élevés, l'agroforesterie offre des perspectives économiques plus solides pour les agriculteurs et agricultrices.

La création d'emplois locaux est un autre avantage important, renforçant ainsi les économies rurales et les communautés locales.

  • Avantages sociaux :

L'agroforesterie contribue à améliorer les conditions de vie des producteurs en leur offrant des sources de revenus supplémentaires et une sécurité alimentaire accrue.

Elle favorise le renforcement des liens communautaires en encourageant la coopération et l'échange de connaissances entre les producteurs.

En promouvant des pratiques agricoles durables, l'agroforesterie aide à préserver les modes de vie traditionnels et à maintenir les cultures locales.

Toutefois, la mise en œuvre de ces techniques agroforestières peut être très complexe et exiger des connaissances spécifiques, ce qui peut constituer un obstacle pour certains producteurs et productrices. De plus, les coûts initiaux d'installation des arbres et les contraintes foncières, telles que la réglementation et la disponibilité des terres, peuvent constituer un défi pour les agriculteurs. C’est pourquoi l’agroforesterie se décline sous plusieurs formes, avec différentes techniques adaptées aux moyens et ressources des producteurs :

  • Le Food Agroforestry System : le système agroforestier alimentaire permet de cultiver du cacao et uniquement des cultures vivrières (tels que des légumes, pas de bois, pas d'arbres fruitiers, etc.)

  • Le Island System : le système en îlots est utilisé dans les plantations de cacao déjà existantes. Il consiste à réduire la hauteur des arbres, à planter n'importe quelle plante, culture ou arbre (bananier, manioc, ananas, maïs...) puis à développer progressivement un système agroforestier.

L'agroforesterie : schéma

Les chiffres de l'agroforesterie

  • Environ 1 milliard d'hectares sont cultivés en agroforesterie dans le monde.

  • Les systèmes agroforestiers peuvent séquestrer entre 1.1 et 2.2 gigatonnes de CO2 par an.

  • En France, environ 500 000 hectares de terres agricoles intègrent des pratiques agroforestières, cela représente 1.87% du total des terres en France.

  • Les produits agroforestiers peuvent augmenter les revenus des producteurs de 30 à 50%.

Un exemple de projet en agroforesterie : GAIM

Le cacao est la principale culture d'exportation du Ghana, deuxième producteur mondial de cette agriculture qui y représente environ 10% du PIB et emploie plus de 800 000 producteurs et productrices. Toutefois, la plupart des producteurs de cacao dépendent de cette agriculture et sont confrontés à la pauvreté car ils doivent faire face à la faiblesse des prix à la production, au vieillissement des arbres, aux parasites, à la détérioration de la qualité des sols et aux effets du changement climatique. En 2018, l'écart de revenu estimé, par rapport au revenu vital de référence, était d'environ 52% de la valeur de référence pour le ménage moyen producteur de cacao.

Pour transitionner vers un modèle agroécologique durable et équitable, Fairtrade Africa et Max Havelaar France ont mis en place le projet GAIM (Ghana Agroforestry for Impact).

En 3 ans le projet accompagnera 3 coopératives certifiées Fairtrade dans leur conversion de 100 hectares de plantations cacaoyères en agroforesterie pour :

  • restaurer la biodiversité et la qualité des sols sur les exploitations cacaoyères ;

  • améliorer les moyens de subsistance des producteurs et diversifier leurs revenus ;

  • renforcer la résilience des producteurs face aux effets du changement climatique ;

  • renforcer l'inclusion des femmes et des jeunes.

Au total, 1 200 cacaoculteurs et cacaocultrices et les membres de leurs communautés bénéficieront de ce projet.

[1] produits forestiers autres que le bois