Lors de l’ouverture de ce troisième COPIL, l’Agence Française de Développement, co-bailleur aux côtés du FFEM de ce programme Equité 2, a salué ce programme genre et le travail réalisé par les équipes sur le terrain.
Le programme Equité 2 soutient le renforcement de l’Ecole du Leadership des Femmes de Fairtrade Africa
L’Ecole du Leadership des Femmes est lancée par Fairtrade Africa en 2017. Son objectif est de renforcer les capacités et l’autonomisation des femmes au sein des communautés productrices de cacao, afin qu’elles acquièrent un fort leadership leur permettant de prendre des décisions et de s’affirmer à différentes niveaux (individuel, foyer, communauté, institution).
A terme, l’objectif est de renforcer l’égalité femme-homme au sein des coopératives de cacao, et que les femmes puissent être représentées dans des instances décisionnaires. Pour cela, l’école de leadership sélectionne des bénéficiaires femmes et hommes, sur des critères précis, qui pourront bénéficier de cette formation.
Pourquoi inclure les hommes comme bénéficiaires au même titre que les femmes dans l’Ecole du Leadership des Femmes ?
Au sein des coopératives de cacao, ce sont souvent les hommes qui tiennent les rôles de pouvoir. Il en est généralement de même au niveau du foyer. Inclure les hommes et les sensibiliser aux droits des femmes permet de soutenir davantage ce plaidoyer communautaire mené par l’Ecole du Leadership, de construire un modèle pour changer les normes culturelles, de faciliter la reconnaissance des femmes.
Durant ce troisième comité de pilotage, Max Havelaar France et Fairtrade Africa ont présenté les résultats de 2021 et les prochaines étapes pour 2022. Lors de cette première année de mise en œuvre sous Equité 2, en 2021, une soixantaine de femmes et d’hommes volontaires issus de 7 coopératives ont bénéficié de cette formation comprenant un suivi de 10 modules théoriques, suivi de mises en pratiques sur le terrain, sensibilisant ainsi plus de 3 000 personnes au sein de leurs communautés respectives. En fin de formation, les bénéficiaires s’étant le plus démarqué, endossent un rôle d’ambassadeur de l’égalité des genres au sein de leur communauté et formeront ainsi la nouvelle cohorte d’étudiants.
En 2022 ce seront donc plus de 80 nouveaux bénéficiaires au sein de 7 nouvelles coopératives qui seront formés à ces questions relatives aux droits et à l’autonomisation des femmes, à la place des femmes dans la gestion économique de la famille et des activités génératrices de revenus, et qui bénéficieront d’un renforcement de capacités techniques de gestion économique ou de négociation. Les plus surprenants d’entre eux, deviendront à leur tour ambassadrices et ambassadeurs.
Quelques témoignages de bénéficiaires du programme :
“En tant qu'homme, je suis maintenant ambassadeur du genre. Les hommes devraient être plus sensibles aux questions de la promotion des femmes et ils devraient soutenir les femmes dans les actions sur les questions de genre.” Kouadio Sylvain
Je ne connaissais pas mes droits, mais suite à cette formation, je connais non seulement les miens mais aussi les droits des gens autour de moi, et ces droits nous sont propres, personne ne peut leur prendre.” Geneviève Yapipo
“J’ai réussi à convaincre les membres de la coopérative que j’étais la bonne personne pour cette position en mettant en avant mes acquis de l’école du leadership. Argumenter et me tenir devant les membres n’était pas un problème car je m’étais entrainée pendant la formation. J’ai à présent l’opportunité de continuer de former les femmes en tant que présidente de la formation.” Yadua Adingra
Renforcement des capacités des coopératives dans la collecte de leurs données
Le second projet appuyé par Equité 2, et dont les résultats de la phase pilote menée en 2021 ont été présentés lors de ce troisième COPIL, concerne le renforcement des capacités des coopératives cacaoyères ivoiriennes dans la collecte et l’utilisation de leurs données. Ce projet permet aux coopératives de cacao de prendre des décisions stratégiques en réponse aux besoins de leurs membres, et de relever les défis liés au marché (comme le suivi de la déforestation, le travail forcé des enfants …) sur la base d’informations fiables.
Ce projet a été pensé car les coopératives collectaient déjà ce type d’information auprès des producteur mais leur degré de maîtrise de ces informations est extrêmement varié : certaines recueillent ces données sur papier, d’autres utilisent des outils digitaux, certaines ne font que stocker des informations et les transférer aux acheteurs ou aux labels, tandis que d’autres utilisent réellement cette information pour améliorer la production…
Ce projet pionnier permet également aux coopératives de faire face à la nouvelle règlementation européenne de lutte contre la déforestation qui entrera en vigueur d’ici 2024. Cette règlementation, ainsi que la naissance des plateformes européennes pour un cacao durable, ont pour but de lutter contre l’entrée d’un cacao issu de la déforestation ou du travail forcé des enfants sur le marché européen. Cela se garantit notamment par la certification des coopératives à un label équitable qui garantit ainsi la traçabilité du cacao depuis le producteur !
Lors de la phase pilote de ce projet, 5 coopératives ont été suivies dans la mise en place de leur outil de collecte de données, leur formation à cet outil, à l’analyse des données à collecter pour répondre aux différentes exigences (lois en vigueur, industries, labels, etc.) et bien sûr pour que les coopératives connaissent et comprennent l’activité de chacun de leurs membres afin de piloter leur propre développement !
Le 15 mars 2022, à Kpalimé, le comité de pilotage a validé la phase de consolidation de ce projet pour l’année 2022. Cette phase consiste à déployer le projet auprès de 25 coopératives qui utilisent toutes des systèmes de gestion interne différents ; allant du logiciel dont elles sont propriétaires au tableur Excel en passant par d’autres logiciels gratuits. Ces 25 coopératives seront formées et accompagnées dans le management de leurs informations afin de garantir et augmenter leurs capacités d’utilisation de ces données.
Ce projet répond à des enjeux sociaux, économiques et environnementaux. Par exemple, les coopératives seront en mesure d’identifier le nombre d'enfants dans les ménages des producteurs, par rapport à la localisation des écoles. Cela peut inciter la coopérative à faciliter l'accès à l'école pour les enfants vivant dans les zones les plus reculées ; et cela peut se réaliser par la construction d’école grâce à la prime de développement Fairtrade/Max Havelaar.
Au niveau environnemental, les coopératives ont besoin de localiser les parcelles de production pour lutter contre la déforestation. La comparaison de la localisation des plantations (via des polygones) et des forêts classées ou des zones protégées permettra aux coopératives d’identifier les zones de risques, de prévenir les productions dans ces zones, et de proposer aux producteurs dans ces zones “à risques” de processus de régularisation (changement de parcelle, reboisement …).
Enfin, d’un point de vue économique, il est par exemple indispensable de connaitre et maîtriser la qualité de la production pour entrer en négociation avec les acheteurs avec des arguments forts et fiables.
Grâce à l’appui de programmes de développement de grande envergure tels qu’Equité, Max Havelaar France et le mouvement Fairtrade/Max Havelaar agissent sur le terrain au-delà de la certification pour soutenir les producteurs et productrices face aux défis sociaux et environnementaux actuels et construire avec eux des échanges commerciaux justes et équitables.