Premier Comité de Pilotage du programme Equité 2

En février 2020 s’est tenu à Abidjan, en Côte d’Ivoire le premier Comité de Pilotage du programme Equité 2, financé par l’Agence Française de Développement (AFD) et le Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM), et dans le cadre duquel Max Havelaar France et Fairtrade Africa s’allient pour mettre en place des projets d’appui aux coopératives de cacao.

Laurie, responsable du pôle Relation Producteurs, Programmes et Impacts, a représenté l’ONG et nous fait son retour sur cet événement.

Je me suis rendue en Côte d’Ivoire afin de participer à ce Comité de Pilotage, mais également afin de mieux comprendre le fonctionnement des coopératives de production de cacao et comment Max Havelaar France et Fairtrade Africa peuvent les appuyer au mieux.

Le programme Equité 2 soutient le renforcement de l’école du leadership des femmes de Fairtrade Africa.

Cette école du leadership des femmes, lancée par Fairtrade Africa en 2017 et dont l’objectif est d’atteindre l’égalité femmes-hommes dans les communautés productrices de cacao, a déjà permis lors de sa première « promotion » de former des groupes de femmes et d’hommes volontaires au sein de 14 coopératives.

C’est le cas de la coopérative CAYAT, où treize productrices et/ou femmes de producteurs ont été formées soit directement, soit par les ambassadrices qui ont elles-mêmes suivi les 10 modules de l’Ecole du Leadership. Ces femmes ont constitué l’association des femmes de CAYAT qui compte aujourd’hui 500 membres.

Cette association a permis à plusieurs femmes de se lancer dans des activités génératrices de revenus : les membres de l’association gèrent aujourd’hui 6 poulaillers et transforment des produits tels que le manioc en attieke (met traditionnel ivoirien), ou le cacao en caramel ou en jus de cacao. Elles ont appris les méthodes de commercialisation de produits afin de les mettre en avant au marché. Elles ont également participé et présenté leurs produits transformés au SARA (Salon International de l’Agriculture et des Ressources Animales d’Abidjan) en octobre 2019. Une grande partie des bénéfices sont aujourd’hui encore reversés à l’association pour sa structuration et l’achat en commun d’outil et/ou de matière première.

Adingra Yaoua, la présidente de l’Association des femmes de CAYAT explique : « L’association de femmes a acheté une broyeuse qui nous permet de transformer le manioc. Nous louons cette broyeuse aux producteurs.ices qui le souhaitent, et les bénéfices de ce travail sont reversés à tous les membres de l’association. »

Avec l’appui d’Equité 2, ce sont 144 étudiant.e.s au sein de 14 nouvelles coopératives qui seront formé.e.s aux questions relatives aux droits et à l’autonomisation des femmes, à la place des femmes dans la gestion économique de la famille et des activités génératrices de revenus, et qui bénéficieront d’un renforcement de capacités techniques de gestion économique ou de négociation. Les hommes sont bien entendu les bienvenus au sein de ces groupes ! Comme les femmes étudiantes, ils auront ensuite un rôle d’ambassadeur de l’égalité des genres au sein de leur communauté.

Renforcement des capacités des coopératives dans la collecte de données

Le second projet appuyé par Equité 2 concerne le renforcement des capacités des coopératives dans la collecte et l’utilisation des données relatives à leur production, afin de leur permettre de développer leur activité sur la base d’informations fiables.

En effet, aujourd’hui les coopératives de production de cacao font face à 3 exigences principales :

  • Le respect de la loi ivoirienne, qui interdit notamment le travail des enfants, et la déforestation liée à la cacaoculture.
  • Le respect des normes imposées par les labels tel que Fairtrade/Max Havelaar qui exigent des conditions de travail décentes pour les producteur.rice.s, en plus de l’interdiction du travail des enfants et la déforestation.
  • Le respect des normes des acheteurs, qui imposent également des niveaux de production et de qualité minimum à leurs fournisseurs.

Au-delà de ces exigences externes, les coopératives de cacao, comme n’importe quelles entreprises, ont besoin de connaitre et comprendre l’activité de chacun de leurs membres afin de piloter leur développement !

D’un point de vue économique, il est par exemple indispensable de connaitre et maîtriser la qualité de la production pour entrer en négociation avec les acheteurs avec des arguments forts et fiables. D’un point de vue social et environnemental, les coopératives ont besoin de localiser les parcelles de production pour lutter contre la déforestation ou de connaitre le nombre d’enfants au sein des familles de producteurs afin de lancer des projets efficaces de lutte contre le travail des enfants (sensibilisation, construction d’écoles grâce à la prime de développement Fairtrade/Max Havelaar par exemple).

Actuellement, les coopératives collectent donc ce type d’information auprès des producteur.rice.s, mais leur degré de maîtrise de ces informations est extrêmement varié : certaines recueillent ces données sur papier, d’autres utilisent des outils digitaux, certaines ne font que stocker des informations et les transférer aux acheteurs ou aux labels, tandis que d’autres utilisent réellement cette information pour améliorer la production…

Le projet qui sera mis en place par Fairtrade Africa et Max Havelaar France dans le cadre d’Equité 2 permettra aux coopératives de prendre la mesure de la valeur de leurs données et de les transformer en des décisions opérationnelles pertinentes et qui leur permettront d’améliorer la viabilité économique et la durabilité de leurs exploitations.

Grâce à l’appui de programmes de développement de grande envergure tels qu’Equité, Max Havelaar France et le mouvement Fairtrade/Max Havelaar agissent sur le terrain au-delà de la certification pour soutenir les producteur.rice.s face aux défis sociaux et environnementaux actuels et construire avec eux des échanges commerciaux justes et équitables.