Les producteurs de cacao en grande difficulté
Les prix mondiaux du cacao ont chuté de plus d’un tiers l’an dernier et ce sont les producteurs de cacao qui subissent les conséquences les plus néfastes de la volatilité des prix.
Le mouvement Fairtrade/Max Havelaar définit des prix minimums garantis pour la majorité des filières, basés sur un calcul des coûts de production durables. Le prix minimum garanti est un filet de sécurité en cas de chute des cours sur les marchés mondiaux. Point important : le Prix Minimum n'est pas nécessairement le prix payé, de nombreuses entreprises partenaires de Fairtrade/Max Havelaar achètent dans les faits le cacao à un prix supérieur.
Notre approche s’inscrit dans une démarche d'amélioration continue, puisque nous faisons des révisions régulières de ces prix. Pour la filière cacao, la dernière révision des mécanismes de prix et de la prime de développement remontait à 2012.
Nous avons entamé un process de révision qui s’est déroulé ainsi :
- 2017 : Etude sur les revenus des producteurs de cacao que l’organisme True Price a mené pour nous en Côte d’Ivoire auprès de 3 000 ménages. Elle concluait que même les producteurs certifiés Fairtrade/Max Havelaar ne sont pas à l’abri de la pauvreté : 58 % des ménages cultivant du cacao certifié en Côte d’Ivoire avaient des revenus inférieurs au seuil d’extrême pauvreté.
- Fin 2017 : consultations d’experts de la filière.
- Etude de coûts de production durable dans la filière cacao sur un échantillon de 20% des coopératives certifiées, dans 7 pays, représentant 55% des volumes de vente Fairtrade/Max Havelaar.
- Eté 2018 : consultation publique des producteurs, entreprises partenaires et de la société civile.
- Automne 2018 : analyse.
Les résultats des consultations, de l’analyse des coûts de production et de l'étude décrivant une situation intolérable nous ont amené à prendre des décisions ambitieuses quant aux nouveaux mécanismes de prix pour la filière cacao.
- Novembre 2018 : décision de modification des cahiers des charges de la filière cacao.
Réévaluation du prix minimum et de la prime de développement
Voici les trois des principaux changements qui ont été entérinés par Fairtrade International, avec une application au 1er octobre 2019 :
- Le prix minimum pour le cacao Fairtrade/Max Havelaar passe de 2000$/Tonne à 2400$/Tonne de fèves*.
- Pour le cacao issu de l'agriculture biologique, le prix Fairtrade/Max Havelaar sera de 300$ au dessus du prix du marché ou du Prix Minimum Fairtrade (selon lequel est le plus élevé au moment de la vente).
- La prime de développement Fairtrade/Max Havelaar passe de 200$/Tonne à 240$/Tonne de fèves de cacao. Il s’agit d’un montant versé par les entreprises-acheteurs en plus du prix d’achat des matières premières. Elle est versée directement aux organisations de producteurs pour être investie dans des projets de leur choix : sociaux, économiques, écologiques.
Le mouvement Fairtrade/Max Havelaar prévoit de réévaluer son Prix Minimum et sa Prime de développement dans les trois ans.
« Le fait que la plupart des petits producteurs de cacao en Afrique de l’Ouest vivent dans la pauvreté est une triste réalité, déclare Dario Soto Abril, Directeur de Fairtrade International. Le prix payé aux producteurs est un élément essentiel qui doit être augmenté pour qu’ils puissent atteindre un niveau de vie décent pour leurs familles. Nous nous sommes engagés à collaborer avec nos partenaires et nous nous félicitons des autres efforts déployés au sein de l'industrie pour que le revenu vital devienne une réalité. »
Les défis dans le secteur du cacao en Afrique de l’Ouest sont immenses
Nous sommes convaincus que ces changements vont pouvoir améliorer la situation des producteurs qui vendent aux conditions du commerce équitable Fairtrade/Max Havelaar. Pour autant, nous sommes tout à fait conscients que le chemin est encore long pour que les producteurs puissent obtenir un revenu vital grâce à leur production de cacao.
Les enjeux de la filière cacao vont bien au-delà de la question du prix et il reste d’énormes défis à relever : travail des enfants, déforestation, gouvernance démocratique des coopératives etc. C’est pourquoi nous continuerons d’agir à plusieurs niveaux : renforcement des coopératives à travers les formations délivrées par les réseaux de producteurs, actions de plaidoyer auprès des pouvoirs publics, actions de sensibilisation des consommateurs etc.
* au niveau FOB