Le déroulement d’un audit Fairtrade/Max Havelaar en Inde

Ludwig, notre responsable de la Gestion du Label et Innovations s’est rendu en Inde afin de rencontrer le bureau de certification de FLOCERT India, situé à Bengalore et afin d’assurer un lien entre certification et labellisation France. Il a eu l’occasion d’accompagner un audit de certification FAIRTRADE auprès de l’une des plus anciennes organisations de travailleurs de thé : UNITEA Company afin d’apprécier la qualité de travail des auditeurs FLOCERT sur le terrain. Découvrez son récit.

Le bureau de FLOCERT India

Dès mon arrivée à Bengalore, je rencontre le directeur régional FLOCERT , M. Lakesh. Il travaille dans le mouvement Fairtrade/Max Havelaar depuis plus de 10 ans et a eu des responsabilités en tant qu’auditeur terrain et analyste certification dans le passé avant de prendre la direction du bureau. 

La certification en Asie Pacifique existe depuis 1996 et le bureau de FLOCERT a été créé début 2007. L’effectif est composé de 13 personnes principalement des analystes et des IT. Tous sédentaires au bureau de Bengalore. Et l’effectif est complété par des consultants qui ont le rôle d’auditeur terrain. L’équipe est mixte et globalement expérimentée et stable.

L’équipe FLOCERT India réalise environ 400 audits par an pour 742 clients sous certification FAIRTRADE en 2018.

Les étapes d’un audit d’une plantation de producteur.rice.s

Un audit peut durer plusieurs jours. Celui que nous avons réalisé pour UNITEA Company a duré 4 jours. Une réunion d’ouverture est organisée entre l’auditeur terrain, M. Padmanabhan, et tous les représentants des membres travailleurs de l’organisation afin de présenter la mission de certification. L’auditeur introduit les enjeux de la mission de certification et rappelle les principes de bonnes conduites de part et d’autre nécessaires à sa bonne réalisation (transparence, confiance, efficacité). Il introduit ma présence auprès des différentes parties prenantes présentes (comité hygiène et sécurité, représentants du comité de la prime, représentants des sections, syndicats).

Une deuxième réunion est organisée avec l’assemblée des travailleurs afin d’évaluer les connaissances et la participation des travailleurs dans le projet Fairtrade/Max Havelaar. Les mandats du comité de la prime sont d’une durée de 5 ans ce qui assure une pérennité en termes de suivi des projets et de compréhension de l’utilisation de la prime Fairtrade/Max Havelaar au bénéfice des travailleurs.

Plusieurs rencontres sont organisées avec le médecin de l’Hôpital afin de vérifier les rapports liés aux accidents de travail et autres éléments de la sécurité et de l’hygiène au travail et les Syndicats des travailleurs qui ont l’obligation de participer au comité des travailleurs : 6 réunions spécifiques par an doivent avoir lieu durant le temps de travail.

L’accent est mis sur les différents projets de la prime de développement Fairtrade/Max Havelaar. En effet, il faut obligatoirement apporter la preuve des votes pour chacun des projets financés par la prime de développement.

Des déplacements sont à prévoir afin de réaliser les contrôles dans les zones de récoltes et les usines. Pour l’audit de UNITEA Company, les auditeurs se sont rendus dans l’état de Chamraj, à Allada Valley Estate et à Korakundah Estate (une aire géographique protégée, et sous certification intégrale « agriculture biologique »)

Ensuite, commencent les vérifications documentaires pour : les registres de travail dans lequel les tâches de travail quotidiennes sont listées et attribuées aux travailleurs, la liste des produits chimiques et pesticides utilisés ainsi que les stocks etc. Et l’audit continue avec les contrôles des infrastructures de la zone, notamment le lieu de vie des travailleurs ; des infrastructures de l’hôpital ; de l’école ; de la crèche de la zone de récolte ; du dispensaire de la zone ; des habitations des travailleurs (vérification de la salubrité du lieu et la mise à disposition de gaz à la place du four en feu de bois) ; etc. toutes ces infrastructures ont été pour tout ou partie financée par la prime de développement Fairtrade/Max Havelaar.

Puis l’auditeur passe à des entretiens inopinés avec les travailleurs et travailleuses dans les champs. Les hommes précisent par exemple qu’ils ont bien été formés au Fairtrade et qu’ils ont connaissance des projets liés à la prime. Les femmes précisent, par exemple, que leur droit à cesser le travail est bien respecté quand leurs enfants naissent. Ensuite, elles ajoutent qu’elles les mettent à la crèche de UNITEA, puis à l’école du village ou de la région. L’employeur s’adapte au rythme des besoins de l’enfant et les nouvelles mères ont des disponibilités pour permettre l’allaitement durant les journées de travail. Tous sont satisfaits de leurs conditions de travail, notamment de leur rémunération et des avantages d’avoir une visite annuelle à l’hôpital, des soins gratuits, et l’accès à l’école pour leurs enfants.

Enfin, s’organise une réunion de clôture avec les mêmes parties prenantes qu’au début de l’audit. L’auditeur réalise son rapport et met en avant les non-conformités qui sont expliquées une à une. Elles sont ensuite traitées directement par le directeur et l’ensemble de son équipe pour que l’auditeur puisse clore son rapport avec les premières propositions de mesures correctives d’UNITEA. Le rapport est envoyé à l’analyste certification de FLOCERT India.

C’est ensuite l’analyste de FLOCERT India, basé au siège à Bengalore, qui prendra le relais, afin de passer en revue l’ensemble des non conformités relevées. Une fois ce travail réalisé, le statut de l’opérateur certifié (UNITEA dans le cas présent) sera mis à jour.

Explication du fonctionnement de la production de thé

     

Toutes les variétés de thé proviennent du même arbre, le théier ou Camellia Sinensis (nom scientifique). Ce sont les bourgeons et/ou les feuilles qui seront récoltés pour donner naissance aux différents types de thés et non les fruits (ou les graines). Durant les phases de récolte, la cueillette pourra être plus ou moins fine et les meilleurs thés seront obtenus par la cueillette des bourgeons (ou Pekoe) et des toutes premières pousses (1ère et/ou 2ème feuilles qui suivent le bourgeon).

Il existe différents modes de cueillette :

  • Picking : technique de récolte qui consiste à cueillir à la main en pinçant les feuilles de thé mûres pour la récolte.
  • Trashing : technique de récolte qui consiste à utiliser un ciseau avec un réceptacle de récupération pour couper les feuilles. Technique plus rapide mais beaucoup moins précise que le picking.

La différence entre le thé vert le thé noir est la fermentation. C’est donc bien la même feuille qui permet de produire les différents types de thé. Ce qui va distinguer les thés les uns des autres est le degré d'oxydation qu’auront subie les feuilles de théiers pendant le processus de fabrication. Les feuilles prendront alors une couleur de plus en plus sombre en fonction du degré d’oxydation. Cela donnera naissance aux différentes variétés de thé avec une couleur, des arômes et des vertus qui leurs sont propres.

La cueillette est réalisée exclusivement par des ouvrières agricoles. Les hommes, ouvriers agricoles assurent l’épandage des phyto et l’entretien des parcelles. Ils ont aussi des rôles avec des responsabilités plus importantes dans chacun des bureaux d’état de production (gestion des stocks, des registres, des procédures etc…)

Les récoltes de thé dans la région du Nilgiri en Inde et au Sri Lanka ont lieu toute l’année en raison d’un climat plus clément.

Les récoltes de Darjeeling (Inde) et de thé du Népal s’étendent de fin mars à novembre. Elles sont réparties en 4 périodes : first flush, second flush, monsoon flush et automnal flush avec parfois une récolte d’hiver selon la clémence de la météo.