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La période de confinement a été un déclencheur :
« Du jour au lendemain, l’expression “Courses de première nécessité” est apparue. Se nourrir était redevenu important. Le confinement a permis également à des gens éloignés du sujet de prendre conscience de la supply-chain : des produits étaient en rupture, les restaurants se sont mis à vendre les produits de producteurs qui n’avaient pas d’autres débouchés etc. » ESTÉRELLE PAYANY, journaliste et autrice culinaire.
« Beaucoup de Français sont – par la force des choses ou par plaisir – retournés en cuisine, au travail des produits bruts, avec moins de produits transformés. En témoigne par exemple la progression du café en grains – +30% – ou du chocolat dessert. Et plus le rapport aux matières premières est fort, plus on est sensible à comment elles sont produites et par qui. »
BLAISE DESBORDES, directeur général de Max Havelaar France.
Les pratiques des Français sont bousculées. Si la consommation responsable dans l’alimentaire résiste, on observe que la volonté des Français d’agir pour consommer plus responsable est freinée pour d’autres catégories.
Les produits à ancrage territorial demeurent les produits responsables privilégiés : 81% achètent chaque mois des produits made in France, dont 55% toutes les semaines ; et 75% des produits locaux chaque mois, 44% chaque semaine.
Elle constitue toujours la première motivation à la consommation responsable des Français qui veulent soutenir les agriculteurs pour leur permettre de vivre de leur travail (57%, -2 points).
Le sentiment qu’adopter une consommation alimentaire responsable permet d’agir pour la planète est en baisse de 5 points (48%) et surtout l’impression que cela permet de réduire le gaspillage et le suremballage chute de 8 points en un an (45%).
En parallèle, la santé ne semble pas en bénéficier (50% - recul de 4 points). Cette baisse de motivation s’étend à toutes les populations, même les plus engagées, les plus impliquées.
« C’est le ‘client’ qui fait la facture, qui détermine le prix, ce n’est pas l’agriculteur. C’est ainsi que des producteurs vendent à perte. Les critères de commerce équitable ne sont pas généralisés. Or, pour nos territoires ruraux, c’est essentiel d’avoir des agriculteurs qui vivent de leur production, de donner la vraie valeur aux choses, de faire payer l’empreinte écologique de ce qui est produit dans de mauvaises conditions, et de partager ces informations. Nous devons redoubler de pédagogie et faire preuve de transparence pour faire connaître quel est le prix réel, pour que les consommateurs en prennent conscience. N’oublions pas que donner envie aux futurs agriculteurs de s’installer est un enjeu de la transition agricole. » CLAIRE DESMARES-POIRRIER, productrice d’infusions biologiques L’ Amante Verte, Autrice de “L’exode urbain, Manifeste pour une ruralité positive”
Les produits à ancrage territorial demeurent les produits responsables privilégiés : la part de personnes déclarant avoir augmenté leur consommation est toujours en augmentation.
Ainsi le solde reste en faveur d’une consommation croissante de produits made in France (55% en consomment plus que l’an dernier ; -13 points, contre 41% qui en consomment autant que l’an dernier ; +14 points), et de produits locaux (54% en consomment plus, 40% autant).
Le tropisme pour une indépendance alimentaire suscité par l’épidémie de Covid-19 et la crainte d’un impact économique n’y sont peutêtre pas étrangers : aujourd’hui, du fait de la crise que nous traversons, 78% des Français se déclarent favorables à une consommation de produits 100% locaux.
Cependant, les Français sont lucides quant à leurs limites de consommation 100% locale : pour 58% d’entre eux, la crise sanitaire leur a fait prendre conscience que de nombreux produits du quotidien sont des produits importés (café, chocolat, riz, thé...).
Une majorité reconnait qu’elle ne pourrait se passer définitivement de chocolat (73%), de riz (73%), de café (67%), des épices (64%) ou encore de bananes (56%). Les Français consomment des produits importés dont ils ne peuvent se passer et qu’ils veulent responsables.
« Ne confondons pas la consommation locale avec la consommation chauvine. Est-ce qu’on va arrêter le café pour la chicorée ? Est-ce qu’on est prêt à arrêter le chocolat ? » ESTÉRELLE PAYANY, journaliste et autrice culinaire
Des freins restent à lever
Le sentiment d’impuissance face à un contexte instable rend difficile la mise en actions de ses aspirations : parce que cela demande des efforts, que cela a un coût et parce que l’offre de produits n’est pas suffisamment développée.
Le prix reste le premier critère d’achat des courses alimentaires des Français (59%), c’est donc le premier frein à l’achat responsable (72%, +3 points) ; frein qui pourrait se renforcer, un Français sur cinq anticipant une hausse de prix des produits responsables (19%). L’achat de produits responsables en grande distribution représente ainsi un compromis pour nombre de Français.
Ce sont d’ailleurs les acheteurs fréquents privilégiant les grandes enseignes généralistes pour leurs courses alimentaires qui défendent l’idée que consommer à 100% responsable demande trop d’efforts et de changements au quotidien (70% contre 52% parmi ceux se rendant directement chez des producteurs). Une autre raison réside dans l’implication personnelle des Français : 49% nous disent avoir le sentiment d’en faire déjà suffisamment. Pour près de 70% des Français interrogés, consommer des produits responsables à 100% ou presque demande trop d’efforts et de changements au quotidien (difficiles à trouver, renoncer à certains produits, changer de lieux d’achat).
Une majorité des Français interrogés estime que certes, consommer de manière responsable a un impact positif mais que ces bénéfices sont trop souvent contrebalancés par des pratiques désastreuses en parallèle (79%). L’action responsable est approuvée mais annihilée par d’autres gestes délétères.
Malgré la crise, la rémunération des producteurs reste pour les Français le premier enjeu du secteur alimentaire, devant les questions sanitaires.
Pour 51% des personnes interrogées, mieux rémunérer les producteurs et agriculteurs doit être la priorité numéro une des entreprises du secteur alimentaire aujourd’hui si elles veulent s’inscrire dans une démarche plus responsable.
La juste rémunération des producteurs apparait comme un enjeu d’autant plus important qu’il arrive devant d’autres sujets majeurs pour les Français comme le fait de proposer des prix bas pour les produits responsables (31%).
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