Fashion Revolution : interpeller sur les conditions de travail dans la filière textile

Le 24 avril 2013 le monde découvre les images chocs de l’effondrement des ateliers de confection Rana Plaza, à Dacca au Bangladesh. Le bilan humain est très lourd : 1 134 morts et 2 500 blessés. Cet évènement est devenu le symbole des conditions de travail déplorables que subissent les travailleurs du textile au quotidien dans de nombreux pays en développement. En réponse à ce drame, les citoyens de près de 80 pays se sont rassemblés à l’appel du collectif « Fashion Revolution » pour « plus de transparence, durabilité et éthique dans l’industrie de la mode ».

Pour vous mobiliser en tant que consommateur, du 23 au 29 avril, la Fashion Revolution Week vous invite à prendre connaissance des informations présentes sur les étiquettes de vos vêtements. Rendez-vous sur les réseaux sociaux avec le hashtag #whomademyclothes afin d’interpeller les grandes marques, exiger plus de transparence et le respect des droits des travailleurs de la mode. Il est important de se poser des questions sur les conditions dans lesquelles travaillent les hommes et les femmes qui fabriquent vos tee-shirts ou vos jeans !

Incitez les géants de la mode à prendre le virage de la slow fashion ! 

Les producteurs de coton, premier maillon sur la chaîne

L’effondrement du Rana Plaza a mis en lumière les conditions des travailleurs du textile mais a laissé encore dans l’ombre la réalité des producteurs de coton, premier maillon de la chaîne d’approvisionnement.

Pourtant, plus de 100 millions de familles rurales cultivent le coton pour vivre dans 75 pays, dont 90% habitent dans les pays en développement. Parmi les plus grands producteurs de coton se trouvent les Etats-Unis et la Chine qui ont une politique de subvention de leur production de coton, qui maintient les prix artificiellement bas. A l’autre extrémité, se trouvent les petits producteurs d'Afrique de l'Ouest, dont les gouvernements ne peuvent pas subventionner leur production. Ils sont confrontés à des coûts élevés d'exportation et de transport puisque la plupart de leur production doit être transformée en Asie.

Ainsi, la production de coton révèle une grande disparité et des déséquilibres dans les rapports de force

 : entre la culture dans le cadre de 

l’agriculture familiale et la monoculture extensive subventionnée, les petits producteurs sont à la merci des cours fluctuants sur le marché mondial. La volatilité des prix met en péril leur sécurité alimentaire et augmente les taux de pauvreté alors que les agriculteurs de certains pays sont protégés par des subventions.

Le gouvernement et les associations s’engagent 

Les parlementaires français, poussés par les acteurs de la société civile, ont voté début 2017 la loi « relative au devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses d’ordre », afin de rendre responsables les grandes entreprises françaises des pratiques de leurs sous-traitants. Ainsi les entreprises ont désormais l’obligation de  «prévenir les atteintes graves envers les droits de l’homme, les libertés fondamentales, la santé et la sécurité des personnes, ainsi que l’environnement». En cas de non-respect, ces entreprises peuvent se voir infliger une amende pouvant atteindre jusqu’à 10 millions d’euros. Cette loi, entrée en vigueur en mars 2017, représente un pas en avant pour plus d’éthique dans les relations commerciales.

De son côté, le mouvement Fairtrade/Max Havelaar offre aux producteurs de coton des coopératives certifiées des meilleures conditions commerciales. Les producteurs bénéficient ainsi d’un prix minimum garanti pour faire face à la fluctuation des prix et d’une prime de développement pour financer des projets collectifs.

En 2016, le mouvement Fairtrade/Max Havelaar s’est aussi engagé en faveur des travailleurs en mettant en place un nouveau standard et un programme dédié au textile pour étendre les garanties du commerce équitable à l’ensemble de la chaîne de transformation.

A travers son plaidoyer pour des achats équitables sur les marchés publics, le mouvement Fairtrade/Max Havelaar partage les valeurs de la Fashion Revolution. En incitant les collectivités territoriales à se fournir en tenues tissées à partir de coton certifié, le label Fairtrade/Max Havelaar contribue au respect des droits des producteurs et à l’amélioration de leurs revenus. La ville de Paris a ainsi équipé un tiers de ses agents avec des vêtements en coton certifié Fairtrade et La Poste a également franchi le pas  de l’équitable pour les uniformes de ses employés. L’engagement d’une cinquantaine de donneurs d’ordres publics et privés a permis de générer 973 tonnes de fibres de coton vendues aux conditions du commerce équitable en France en 2015.