Cette proposition crée l’obligation pour les grandes entreprises mettant des produits sur le marché européen de réduire et de remédier aux atteintes qu'elles ou leurs chaînes d'approvisionnement font peser sur les personnes ou l'environnement.
Cette directive peut grandement contribuer à faire progresser les moyens de subsistance et les autres droits humains des producteurs, des productrices, des travailleurs et des travailleuses opérant dans les chaînes d'approvisionnement mondiales. Mais de nombreux groupes de producteurs certifiés Fairtrade/Max Havelaar craignent le contraire : une législation mal définie pourrait exclure des chaînes d'approvisionnement les producteurs et les travailleurs vulnérables.
Comme de nombreuses organisations qui luttent pour la justice sociale dans le monde, le mouvement Fairtrade/Max Havelaar a suivi les préparatifs de cette proposition pendant plusieurs années. Mais que dit la proposition ?
Une conversation sur le devoir de vigilance avec Tytti Nahi de Fairtrade/Max Havelaar
Nous avons discuté avec Tytti Nahi, la responsable Droits humains et Entreprises de Fairtrade/Max Havelaar sur sa vision de la proposition de la Commission européenne et sur l'impact qu'elle espère avoir pour garantir une plus grande équité aux producteurs et productrices du monde entier et aux consommateurs européens.
Quelle est l'importance de la proposition de la Commission européenne sur le devoir de vigilance ?
Cette proposition représente un tournant. La proposition d'une obligation de devoir de vigilance à l'échelle européenne est un premier pas important vers un environnement commercial qui prend au sérieux le bien-être des personnes et la durabilité environnementale.
La proposition est issue d’une longue préparation. En fait, elle repose sur un accord mondial, conclu aux Nations unies en 2008, qui exhorte les entreprises à respecter les droits humains et à mettre en place un solide processus de devoir de vigilance permettant d'identifier, de traiter et de rendre compte de l'impact des opérations et des chaînes de valeur sur les personnes et l'environnement. La France, l'Allemagne et la Suisse, par exemple, ont déjà inscrit cette responsabilité dans des lois nationales contraignantes.
Mais plus que tout, la proposition de l'Union Européenne relève du bon sens. Tout comme les entreprises doivent garantir que leurs produits sont sûrs pour les consommateurs, elles doivent également assumer la responsabilité de veiller à ce que la production soit sûre pour les travailleur·euse·s, les producteur·rice·s et l'environnement.
C'est donc aux entreprises de résoudre leurs problèmes de droits humains.