8 mois plus tard, le bilan de cette épidémie est lourd et les producteur.rice.s des aliments que nous consommons quotidiennement restent parmi les personnes les plus affectées par cette crise.
Des impacts différenciés selon les filières et les origines
Les filières concernées par la certification Fairtrade/Max Havelaar sont affectées différemment selon leur géographie, leur dépendance à certains marchés ou les besoins de matériels et de main d’œuvre devenus introuvables ou trop chers.
En Amérique latine, le continent le plus touché par la pandémie (23% des cas dans le monde en novembre 20201), la plupart des pays ont poursuivi leurs plans de réouverture de l'économie et reprennent le transport aérien, en mettant en place des protocoles de biosécurité stricts dans les aéroports. Par exemple, la Colombie, le Salvador, la Bolivie, le Guatemala et le Honduras ont rouvert leurs aéroports après des mois de fermeture.
Sur ce continent, les producteur.rice.s de banane ont notamment vu les coûts du matériel de production augmenter fortement et la main d’œuvre se raréfier. Les producteur.rice.s ont subi de plein fouet cette augmentation des coûts de production.
L'Afrique a été relativement épargnée par la pandémie (2,7% des cas dans le monde2), et la plupart des pays ont levé les mesures de confinement et de couvre-feux. En revanche, c’est au Kenya et en Éthiopie que l’on retrouve l’une des filières le plus touchées par la pandémie : les plantations de fleurs.
Dès les premières semaines de la pandémie, les plantations avaient dû détruire des lots entiers de fleurs (pertes comprises entre 1,8 et 2,2 milliards d'euros au mois de mars 2020) à la suite de la baisse drastique de la demande mondiale. Le Kenya et l'Éthiopie, les deux principaux pays producteurs, avaient subi une réduction d'environ 70% à 80% de leurs ventes (filière fleur en général) et de 92% pour la production des fleurs certifiées Fairtrade/Max Havelaar. Les plantations souffraient également des coûts liés à la destruction des fleurs invendues, des prêts bancaires en défaut et des hausses de coûts liés en partie à des retards de livraisons.
Aujourd’hui, les travailleur.euse.s ont repris le travail à 90 %. Cependant, les ventes de fleurs certifiées Fairtrade/Max Havelaar sont inférieures à 30 %, ce qui signifie que la majorité des plantations ne perçoit pas la prime de développement Fairtrade/Max Havelaar. Le coût du fret reste élevé, en particulier pour les producteur.rice.s kenyans.
A la différence des autres continents, la situation semble se stabiliser dans la plupart des pays d’Asie, même si la situation diffère selon les pays3.
De même en ce qui concerne les producteurs certifiés Fairtrade/Max Havelaar, les impacts sont différenciés :
- En Indonésie, la nouvelle récolte de café est prête et les premières signatures de contrats tardent bien plus que de coutume.
- En Chine, 18 organisations de petits producteur.rice.s de thé dépendent des exportations vers l'UE et les États-Unis. Le confinement dans ces régions a entraîné une forte diminution des commandes et la plupart des producteur.rice.s de thé ont indiqué une diminution de leurs exportations de 10 à 50 % par rapport à l'année dernière.
- La vente est également encore faible pour le thé au Vietnam.
Dans tous les cas, on voit que les organisations qui dépendent de demandes et de chaines d’approvisionnement instables et non-équitables sont les plus affectées par la crise.
Le mouvement Fairtrade/Max Havelaar continue donc de jouer son rôle de filet de sécurité pour les producteur.rice.s les plus vulnérables à ces chocs.