Le thé équitable

Le thé est la des boissons les plus consommées au monde après l’eau. Et pour cause, chaque seconde, 15 000 tasses de thé sont bues sur la planète.

Il est produit dans plus de 35 pays mais quatre d’entre eux représentent près de 75% des 4,5 millions de tonnes produites annuellement : la Chine, l’Inde, le Sri Lanka et le Kenya. Ce sont ces mêmes pays qui sont également les plus grands consommateurs ; moins de 50% du thé produit dans le monde est ainsi échangé sur les marchés internationaux.

Le thé issu du commerce équitable Fairtrade/Max Havelaarreprésente aujourd’hui moins de 4% du thé exporté dans le monde.

1. État des lieux

Le thé est cultivé à la fois dans des petites exploitations familiales ou dans des grandes plantations qui emploient de la main d’œuvre salariée pour s’occuper de la production et de la transformation des feuilles de thé. Les enjeux de la filière sont donc très différents pour les producteurs et productrices organisés en coopératives et pour les travailleurs et travailleuses des plantations.

Dépendance vis-à-vis des entreprises transformatrices

La grande majorité de la production de thé alimente 3 multinationales. Cette concentration entre les mains de quelques grandes industries limite l’accès au marché pour les producteurs présents à l’autre bout de la chaîne.

Des revenus en baisse pour les producteurs

Contrairement au café ou au cacao, il n’existe pas de prix international unique du thé. En effet, le thé n’est pas côté en bourse ; il est principalement vendu aux enchères sur de nombreuses places de marché internationales. Les producteurs reçoivent aujourd’hui seulement la moitié du prix qu’ils recevaient il y a 30 ans.

Grandes plantations VS petites parcelles

La majeure partie du thé est cultivé sur de grandes plantations ou propriétés, mais il est également cultivé sur de petites parcelles de terre par des cultivateurs qui vendent leurs feuilles fraîchement récoltées à des plantations ou à des usines à thé. En Inde, un producteur possède une surface d’une taille moyenne de 1,20 hectare alors que la taille moyenne d’une plantation de thé est de 250 hectares.

Les cultivateurs entrent ainsi en concurrence avec les plantations de thé, ne possèdent pas les mêmes ressources pour leur production et manque d’information sur les prix en vigueur.

Des conditions de travail difficiles pour les travailleurs des plantations

Les grandes plantations emploient des travailleurs pour cueillir les feuilles, fertiliser, désherber et entretenir les théiers. La plupart des plantations ont également une usine où des travailleurs sont engagés afin de transformer les feuilles vertes en thé.

  • La culture du thé exige une main-d’œuvre abondante dont une grande partie pour la cueillette des feuilles, un travail physiquement très exigeant et une exposition aux pesticides.
  • Les conditions de travail précaires et une rémunération inférieure au salaire minimum sont monnaie courante.
  • Les femmes, qui constituent la majorité des travailleurs d’une plantation, peuvent être victimes de discrimination et de harcèlement sexuel en plus de travailler de longues heures pour un salaire moindre que celui des hommes.
  • Nombre de travailleurs ne bénéficient pas de la sécurité de l’emploi ni d’une représentation par un syndicat indépendant et efficace. Il leur est difficile de négocier de meilleurs salaires ou de meilleures conditions de travail.
  • Comme de multiples cueilleuses et cueilleurs de thé vivent généralement sur les terres de leurs employeurs, ils sont très dépendants de ceux-ci, que ce soit sur le plan financier mais également pour leur logement, leur alimentation et l’accès aux services de base (santé, éducation, …).

2. Comment le commerce équitable Faitrade/Max Havelaar soutient-il les producteurs et travailleurs des plantations ?

Les cahiers des charges Fairtrade/Max Havelaarreprésentent un véritable cadre pour une production durable de thé et permet une meilleure rémunération et une situation financière plus stable pour les producteurs et travailleurs.

Le commerce équitable stabilise les revenus des producteurs

Le prix minimum garanti versé aux producteurs est un précieux filet de sécurité face au marché imprévisible et fluctuant. Il varie en fonction de la zone de production et du mode de transformation.

Pour les thés qui se valorisent très bien sur le marché tel que le Darjeeling, il n’existe pas de prix minimum garanti. Pour les autres, un prix minimum doit être respecté lors de l'achat de feuilles aux coopératives. 

Une prime de développement pour améliorer les conditions de vie

  • La prime de développement est versée par les acheteurs en plus du prix d'achat du thé à la fois aux coopératives de producteurs et aux comités de travailleuses et travailleurs des grandes plantations pour investir dans des projets collectifs locaux.
  • Cette dernière permet notamment la réalisation de projets sociaux bénéficiant à l’ensemble de la communauté : construction d’écoles et d’hôpitaux ou mise en œuvre de mesures destinées à augmenter la productivité et la qualité.

Des conditions d’utilisation de la prime sont inscrites dans le cahier des charges pour tenir compte des conditions de travail et de rémunération des travailleurs. Ils peuvent dépenser jusqu’à 20 % de la prime pour des avantages en espèces ou en nature et jusqu’à 50 % de la prime lorsque les travailleurs migrants constituent la majorité de la main d’œuvre. 

Comment les organisations de producteurs utilisent-elles la prime de développement ?

L’exemple d’une coopérative de thé équitable Fairtrade/Max Havelaar en Chine :

Dans la coopérative DOFTA, l'organisation offre à ses membres une assistance technique et des formations afin d’encourager l'agriculture biologique. En outre, les plus petits agriculteurs bénéficient d'un aide pour se convertir à l'agriculture biologique : cette mesure vise à protéger l'environnement et à améliorer la santé des populations de la région.

Un programme de microcrédit a également été mis en place pour accorder de petits prêts aux membres de l'association, qui ont ainsi la possibilité de créer leur propre entreprise.

Des conditions de travail réglementées dans les plantations de thé

Les conditions de travail des cueilleuses et cueilleurs de thé sont définies avec précision dans les cahiers des charges.

Des dispositions claires régissent par exemple la protection des mères, la durée du temps de travail, les vêtements de protection, les installations sanitaires, l’accès à l’eau potable et les équipements de premiers secours.

 

Des critères environnementaux stricts qui réduisent l’usage des pesticides

L’environnement est protégé par les cahiers des charges Fairtrade/Max Havelaar qui portent entre autres sur les sols, l'eau, la préservation de la biodiversité, l’interdiction des OGM, la gestion des déchets…

Le thé étant une production où l’usage de pesticides est très répandu et les modes d’application ne respectent pas toujours les règles de sécurité, l’aspect environnemental de la production est très important, à la fois pour la santé des producteurs et des travailleurs mais aussi pour l’environnement, la durabilité de la production et la santé des consommateurs.

Les producteurs sont également incités à convertir leur production vers l’agriculture biologique grâce notamment à une prime pour le thé équitable et biologique.

Une plus grande autonomie grâce à la participation aux coopératives et aux comités d'ouvriers

  • Le modèle Fairtrade/Max Havelaar aide les organisations de producteurs et les producteurs à faire face aux instabilités du marché en leur permettant un meilleur accès aux financements, la construction de relations solides avec les acheteurs et une amélioration des conditions contractuelles.
  • Il favorise l’organisation des producteurs en coopératives fortes et structurées, fonctionnant de façon transparente et démocratique
  • Pour les plantations, un cahier des charges spécifique a été élaboré. Ce dernier appuie les organisations de travailleurs dans leur capacité de négociation. Les travailleurs ont besoin d’organisations solides pour les représenter dans ces négociations.

Les femmes représentent 50% des travailleurs dans les plantations de thé ainsi qu’un tiers des membres des coopératives certifiées. Le commerce équitable agit pour les droits des femmes et lutte contre les discriminations.

3. Exemples de coopératives

SOFA, coopérative au Sri Lanka 

Créée en 1993, l'association des producteurs de thé biologique de la région de Kandy (SOFA) au Sri Lanka compte à ce jour plus de 3576 membres. En s’inscrivant dans une démarche d’agriculture biologique, les producteurs de SOFA ont choisi de réintroduire les méthodes traditionnelles de culture, ce qui permet la sauvegarde de certaines espèces et une meilleure préservation de l'environnement. Les membres de SOFA ont aussi développé des ateliers de transformation du thé (mise en sachet et fabrication de boites) ce qui leur permet de vendre le produit fini et de capter plus de valeur ajoutée pour la coopérative.

Makaibari tea estate, plantation en Inde

L’une des plus anciennes plantations de thé du Darjeeling, Makaibari reste une entreprise familiale. Ayant mis en place des pratiques d’agriculture biologique dès les années 1980, la plantation produit un thé de grande qualité, certifié bio, Demeter et Fairtrade/Max Havelaar.

En 2019, 520 travailleurs dépendaient de la plantation. De nombreux projets d’accès à la santé et à l’éducation, mais également de développement communautaire, ont été mis en place grâce à la prime de développement.

" Depuis que nous avons la certification Fairtrade/Max Havelaar, nos conditions de vie se sont beaucoup améliorées et nous menons une vie confortable, allant de l'éducation pour nos enfants à la construction de maisons et d'hôpitaux ". Chandra, travailleuse d'UNITEA

Les coopératives et plantations de thé certifiées Fairtrade/Max Havelaar

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