Le sucre de canne équitable

Le sucre fait partie des principaux produits commercialisés à travers le monde.  On en compte deux types : le sucre de betterave et le sucre de canne. Ce dernier représentait 75% de la production mondiale entre 2019 et 20201.

Et pourtant, les producteurs et productrices des pays en développement ainsi que leur famille qui cultivent la canne à sucre, continuent de vivre et de travailler dans des conditions précaires. En effet, le marché international du sucre est une combinaison d'accords internationaux complexes qui agissent à l'encontre des intérêts des producteurs.

La canne à sucre est cultivée dans des plantations ou sur des petites exploitations familiales qui sont regroupées en coopératives. Le mouvement Fairtrade/Max Havelaar s'engage pour améliorer la situation des producteurs et productrices des coopératives de plantations de canne à sucre en mettant en place des cahiers des charges du commerce équitable. Ils représentent un cadre pour une production durable du sucre de canne et s'appuient sur les trois piliers du développement durable : social, économique et environnemental

Le sucre de canne labellisé Fairtrade/Max Havelaar peut se trouver sous sa forme pure ou dans la composition de chocolat, glaces, biscuits, rhum… .

1. Difficultés rencontrées par les producteurs de canne à sucre

Chaque année, environ 172 millions de tonnes de sucre dont 130 millions de tonnes de sucre de canne (2019-2020) sont produites dans des millions de fermes et plantations. Cette matière première représente une source de revenus non négligeable pour les pays producteurs. Bien que peu valorisée, la canne à sucre est un ingrédient essentiel pour nombre de consommateurs et d’industriels.

Le sucre de canne est l'un des principaux produits d'exportation pour plusieurs pays comme les Fidji ou Cuba où il représente 10 à 15% de la valeur des exportations.  Au Bélize, le sucre est le premier produit exporté et représente 30% de la valeur des exportations.

Le sucre, un marché très complexe

Le marché international du sucre est un mécanisme d’accords internationaux incluant des quotas, des droits de douanes, des accords multilatéraux ou bilatéraux de protection des marchés et de politiques publiques d’intervention sur les marchés. En plus de toutes ces combinaisons, le sucre blanc est coté en bourse. Les producteurs de canne à sucre, souvent marginalisés et en bout de la chaine de valeurs, subissent la volatilité des prix et les difficultés d’accès à des débouchées durables dues entre autres :

  • Aux stratégies des principaux producteurs mondiaux (Brésil et Inde pour la canne à sucre, l'Union européenne pour le sucre de betterave) où les politiques sucrières et d’exportation influencent fortement les cours mondiaux. Ces acteurs ont la capacité d’investir d’importantes ressources financières dans leur production sucrière et ont tout le pouvoir politique nécessaire pour subventionner et promouvoir l’industrie.
  • Aux cours mondiaux du Pétrole : le sucre est de plus en plus utilisé pour la fabrication de carburant sous forme de bioéthanol.
  • Aux politiques de quotas et de droits de douanes jusqu’au 30 septembre 2017, l’Organisation Commune du Marché du secteur sucre de l’Union Européenne reposait essentiellement sur des quotas de production de sucre et un prix minimal de la betterave. Avec la réforme de la Politique Agricole Commune adoptée en 2013, il n’y a plus ni quota ni prix minimal depuis le 1er octobre 2017. En revanche, cette dérégulation ne profite pas aux producteurs de canne à sucre puisqu’elle donne la possibilité aux grands groupes européens d’augmenter leur production. Cette surproduction européenne et l’augmentation des surfaces cultivées au Brésil ou en Inde ont entrainé une chute des cours de 30% en 2017 pour s‘établir pendant plusieurs années à un niveau historiquement bas.
  • Au dérèglement climatique qui affecte la productivité des récoltes et leur pérennité. Un des derniers exemples en date est le passage du cyclone Yasa de catégorie 5 aux îles Fidji en décembre 2020 : 90% de la production de canne à sucre a été endommagée.

Le sucre, un marché très concentré

Les producteurs cultivant la canne à sucre dans de petites exploitations familiales vivent généralement dans des zones enclavées. Pour eux, la canne à sucre représente la principale source de revenus :

  • Ils dépendent des sucreries pour l’achat et la transformation de leur canne à sucre. Leurs revenus ne couvrent généralement pas les coûts de production ce qui rend difficile l’investissement dans de meilleures installations agricoles.  
  • Un nombre réduit de partenaires commerciaux potentiels, c’est moins de pouvoir de négociation pour les coopératives de producteurs.

La culture conventionnelle du sucre de canne : des conséquences environnementales dramatiques

Le développement des grandes plantations de canne à sucre en monoculture s’est souvent fait au détriment des forêts. Sa culture intensive entraîne l'érosion des sols et nécessite engrais et pesticides chimiques. Conséquences : pollution de l’environnement, contamination de l’eau, problèmes de santé chez les paysans et paysannes qui y sont exposés quotidiennement.

2. Comment le commerce équitable Fairtrade/Max Havelaar soutient-il les productrices et producteurs ?

Le commerce équitable est un moyen pour les producteurs de sucre de faire face aux difficultés qu’engendre le monopole du marché, d’améliorer leurs conditions de vie et de réduire l’impact de leur culture sur l’environnement.

Une prime de développement pour des projets sociaux, environnementaux et économiques

Il n’y a pas de prix minimum Fairtrade/Max Havelaar en raison de la forte régulation du secteur et notamment du contrôle de prix par certains gouvernements de pays producteurs. Cependant, la plupart des coopératives bénéficient de systèmes de partage des revenus avec les sucreries qui transforment la canne à sucre en sucres roux et brut.

En revanche, les organisations de producteurs reçoivent une prime de développement significative : 60 $ pour chaque tonne de sucre produite et 80 $ par tonne s’il est issu de l’agriculture biologique.

  • En 2019, les producteurs ont reçu 10,3 millions d’euros de prime de développement. Plus de la moitié de cette somme a été utilisée pour soutenir les producteurs en leur apportant un complément de revenu (29%) ou pour l’achat de matériel agricole.  
  • La prime sert par ailleurs à développer et renforcer l'organisation des coopératives ainsi qu'à financer des projets communautaires tant sociaux, comme l’accès à l’éducation et à la santé qu’environnementaux.
  • Vous pouvez consulter la prime de développement sur le site de Fairtrade International.

Le regroupement en coopérative : décider ensemble

  • Les conditions de production et de commercialisation sont difficiles. Le regroupement des producteurs en coopérative leur permet d’investir dans la production, d’améliorer leurs rendements mais aussi de prendre en charge des investissements comme des machines pour diminuer la pénibilité de leur travail ou encore pour la livraison de la production à la sucrerie. Et pour cause : pour obtenir le meilleur rendement possible, la canne à sucre doit être livrée à la sucrerie dans les 48 heures qui suivent sa récolte.
  • A plus long terme, le modèle Fairtrade/Max Havelaar aide les producteurs à faire face aux instabilités du marché en leur permettant un meilleur accès aux financements, la construction de relations solides avec les acheteurs, un pouvoir de négociation renforcé et une amélioration des conditions contractuelles. Il favorise l’organisation des producteurs en coopératives fortes et structurées, fonctionnant de façon transparente et démocratique.

Protection de l’environnement

  • Des normes rigoureuses ont été établies pour assurer la protection de l’environnement notamment l’interdiction de l’usage des produits les plus nocifs et un usage raisonné des engrais et pesticides.
  • La conversion à l’agriculture biologique est encouragée grâce une prime de développement plus élevée pour le sucre bio.

3. L'impact dans les coopératives certifiées Fairtrade/Max Havelaar

Pour les producteurs de canne à sucre de l’île Maurice 

Petite Savanne est une coopérative de producteurs de canne à sucre certifiée Fairtrade/Max Havelaar. La coopérative est située à Chemin Grenier dans le sud de l'île Maurice. Depuis l'introduction du commerce équitable, les bénéfices pour les producteurs ont été nombreux.

Unidad Básica de Producción Cooperativa Pita, coopérative de travailleurs à Cuba

Créée en 1993, l’UBPC Pita se trouve près de la ville de Santa Clara, à Cuba. L’organisation obtient la certification biologique en 2003 et la certification Fairtrade/Max Havelaar en 2010. Les UPBC sont des coopératives d'organisations de travailleurs qui se regroupent de leur plein gré en vue d'exploiter, par l'agriculture, des terres appartenant à l'État cubain. Dans le contexte économique particulier du pays, une part importante de la prime Fairtrade/Max Havelaar est destinée à l’achat de produits manufacturés ou des produits d’usage quotidien qui ont un coût élevé, tels que des vêtements, des draps, des produits d’hygiène ou encore des électroménagers. Des camions et des tracteurs, destinés au transport de la canne, et des machines agricoles indispensables pour ôter les mauvaises herbes ont également été financés par la prime.

Belize Sugar Cane Farmers Association, cooperative de producteurs de canne à sucre du Belize

La BSCFA, fondée en 1960, se situe dans la Sugar Belt, au nord du Belize – région où le taux de pauvreté avoisine les 30%. La coopérative obtient la certification Fairtrade/Max Havelaar en 2008 et soutient les producteurs et productrices pour relever les défis liés à la baisse des prix du sucre, due à la fin des quotas en 2017.

Depuis sa certification, la coopérative a embauché des agents pour sensibiliser les producteurs et productrices aux bonnes pratiques agricoles et mener des analyses de sols.

La prime a financé des bourses d’études aux enfants de producteurs et a permis d’améliorer les locaux des écoles de la communauté.

La coopérative est très investie dans la protection de l’enfance : à partir de 2015, elle a mis en place un système de suivi et de remédiation communautaire pour les jeunes, en partenariat avec le mouvement Fairtrade/Max Havelaar, visant à lutter contre le travail des enfants. La proactivité de la BSCFA a eu des répercussions au niveau national, puisque le gouvernement a décidé de lancer en 2017 un diagnostic global sur cette thématique, dans le but d’éradiquer le travail des enfants dans la filière de la canne à sucre au Belize.

Manduvira, coopérative de producteurs de canne à sucre au Paraguay

La coopérative Manduvira a été fondée en 1975, dans les villages de Arroyos et Esteros dans une zone de plaines fertiles et de collines du sud-ouest du Paraguay. La coopérative de petits producteurs Manduvirá est certifiée Fairtrade/Max Havelaar depuis 1999. Cette organisation, qui comptait 200 membres à ses débuts, regroupe aujourd’hui plus de 850 producteurs et productrices. 

La certification Fairtrade/Max Havelaar a fortement contribué au développement économique de la coopérative Manduvirá et a permis de renforcer ses capacités de négociation directe avec les importateurs. Au terme de plusieurs années de construction, les producteurs de la coopérative Manduvirá ont mis en service leur propre site de production de sucre bio certifié Fairtrade/Max Havelaar en 2014. De plus, l’usine est autosuffisante en énergie (provenant de la vapeur issue du brûlage des résidus de canne) et sans rejet nocif.

Manduvirá est la première et à ce jour la seule coopérative sucrière du Paraguay à contrôler totalement le processus de transformation et d’exportation de son sucre.

Depuis l’ouverture de leur sucrerie, les producteurs n’ont plus à parcourir les 100 km de routes qui mènent aux équipements de transformation les plus proches ni à payer les loyers élevés pour utiliser ces derniers. La sucrerie emploie près de 200 personnes, notamment des jeunes gens qui, faute de perspectives, étaient partis dans la capitale Asunción et qui reviennent désormais chez eux.

« Nous avons réalisé notre rêve d’une sucrerie qui appartiendrait à la coopérative et non à des entreprises privées », explique le directeur de Manduvirá, Andres Gonzales, à propos de ce projet.

 

Cultures Source
ITC 2020

Les coopératives de producteurs certifiées Fairtrade/Max Havelaar

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