Rapport annuel de Max Havelaar France 2022

La crise inflationniste sans précédent qui a débuté en 2022 et perdure encore aujourd’hui n’a pas épargné les filières équitables et les producteurs et productrices de notre mouvement, déjà éprouvés par le Covid-19. Pour autant, Max Havelaar France peut se féliciter de voir que l’année écoulée reste placée sous le signe de la résilience et affiche un bilan positif, à découvir dans les pages suivantes.

Résilience, car les enquêtes menées auprès des consommateurs et consommatrices attestent que ceux-ci conservent des convictions intactes à l’égard de la consommation responsable. Ainsi, si les études OpinionWay et Ipsos démontrent que certains font le choix de réduire pour partie leurs achats responsables, elles précisent qu’il s’agit d’une situation temporaire qui ne remet pas en cause ni leur engagement pour une juste rémunération, ni leur confiance dans le label. À noter qu’en 2022, les ventes de Max Havelaar France ont été soutenues par l’extraordinaire diversité des produits labellisés sur le marché français. Des produits phares et accessibles comme le chocolat, les pâtes à tartiner, les glaces et le thé ont ainsi progressé en volume, tout comme la banane bio-équitable dans certaines enseignes l’ayant mise en avant. Au total, la progression globale du chiffre d’affaires atteint + 7 %. Hors inflation, si les volumes marquent le pas, c’est dans les mêmes proportions que les produits non-équitables.

Résilience aussi grâce aux innovations et à la pertinence de la labellisation. La gamme de produits équitables « Origine France » s’est ainsi enrichie. Les cahiers des charges ont été mis à jour au niveau international afin de tenir compte des évolutions législatives européennes en matière de droits humains et de lutte contre la déforestation et le changement climatique. Notre mouvement a lancé une carte des risques pour les droits humains et l’environnement unique en son genre et en accès libre. Grâce à des projets terrain plus nombreux que jamais, nous apportons des fonds et notre soutien au plus proche des producteurs.

Résilience enfin grâce à une visibilité et à une présence de Max Havelaar France plus active que jamais et mutliforme : participation à la plus grande ferme de France que représente le Salon de l’Agriculture, réalisation d’actions marquantes dénonçant les mauvaises pratiques du secteur textile, appui aux acheteurs publics lors du Salon des Maires et promotion d’une nouvelle campagne « Le chocolat ça tache ! » à destination des citoyens consommateurs. Début 2023, nous avons célébré les 30 ans de notre organisation en France !

Découvrez cette histoire dans le cahier spécial qui résume ces trois décennies d’engagement fêtées le 16 mai dernier en présence d’une large délégation internationale, symbole d’un mouvement dont la force réside dans sa capacité à relier les acteurs tout au long de la chaîne, en transparence et en codécision, dans plus de 130 pays.

Enfin, Vincent David a pris le relais d’Aurélie Chevrillon à la présidence de Max Havelaar France, après trois ans de mandat.

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Le marché français résiste et reste en croissance

Résilientes malgré le contexte inédit d’inflation, les ventes de produits labellisés Fairtrade/Max Havelaar progressent de + 7,4 % en 2022, générant un chiffre d’affaires de 1,285 milliard d’euros.

Si les consommateur·rice·s, contraint·e·s de s’adapter, achètent moins, ils·elles restent exigeant·e·s quant à la transparence et la traçabilité des produits alimentaires. Ainsi, 43 % des consommateur·rice·s habituel·le·s maintiennent leur consommation de produits équitables et 52 % ont la volonté de reprendre leur consommation habituelle une fois l’inflation passée (1). Payer un prix suffisamment rémunérateur aux agriculteur·rice·s est toujours considéré comme une priorité.

Une offre équitable maintenue et étoffée

La croissance des ventes est principalement portée par le chocolat (+ 19 %), le thé (+ 11 %) et les glaces (+ 13 %), particulièrement celles de Ben & Jerry’s.

Elle s’explique par l’élargissement des gammes de produits, les innovations et le maintien d’une offre de produits équitables à marque propre dans les principales enseignes de la grande distribution. Intermarché s’est engagée à utiliser du cacao certifié Fairtrade/Max Havelaar pour 100 % de sa marque propre (44 références), tout comme la chaîne néerlandaise Action (arrivée en France en 2012), ainsi que la Mie Câline pour ses cookies.

Autre nouveauté cette année : le lancement par la coopérative Maîtres Laitiers du Cotentin de la première gamme de produits labellisés Max Havelaar France avec du lait français équitable (briquettes de lait et fromages frais aromatisés). Cacao : le marché des produits chocolaté

Plaider pour un devoir de vigilance plus ambitieux

En proposant de répondre aux violations des droits humains dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, le mouvement Fairtrade/Max Havelaar se positionne comme un pionnier. Cependant, les démarches volontaires s’avérant insuffisantes : nous appelons de nos vœux une législation plus ambitieuse et applicable à toutes les entreprises.

France : Une loi historique

En 2017, la France a adopté une loi sur le devoir de vigilance, instaurant l’obligation pour les plus grandes entreprises (ainsi que leurs filiales directes et indirectes) d’établir et de mettre en œuvre un plan de vigilance afin de prévenir les risques d’atteintes graves aux droits humains et à l’environnement et d’y remédier.

Europe : Une directive sur le devoir de vigilance

En février 2022, après plusieurs mois de report, la Commission européenne a publié une proposition de directive sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité. C’est une étape cruciale pour renforcer la responsabilité des entreprises et pour établir des conditions de concurrence égales entre celles-ci.

Des améliorations demandées par Fairtrade/Max Havelaar Le texte actuel doit être amélioré pour pouvoir bénéficier à tous·tes les producteur·rice·s et à tous·tes les travailleur·euse·s des chaînes de valeur mondiales. Fairtrade/Max Havelaar, aux côtés du Fair Trade Advocacy Office, de Rainforest Alliance et de Solidaridad, travaille auprès du Conseil et du Parlement européens pour :

  1. inclure le revenu vital dans le champ d’application de la directive
  2. prendre en compte les pratiques commerciales non durables dans le devoir de vigilance
  3. engager significativement les détenteur·rice·s de droits à chaque étape du processus
  4. garantir le désengagement responsable d’une entreprise de son fournisseur en dernier recours.

Plus d’un an après la proposition de la Commission, le Conseil et le Parlement viennent de donner leur avis. Les négociations entre les trois institutions européennes commencent, laissant espérer un texte de compromis d’ici fin 2023.