Le coton équitable

Fibre reine de l'industrie textile, le coton fait vivre des centaines de millions de personnes à travers le monde, dont l'immense majorité vit dans des pays en développement ou émergents. De nombreux producteurs et travailleurs y souffrent d'une grande pauvreté, de conditions de travail difficiles et des conséquences d'une culture très polluante. Le commerce équitable Fairtrade/Max Havelaar apporte des réponses économiques, sociales et environnementales à ces difficultés. 

1. Les grands défis de la filière du coton 

Aujourd'hui, le coton représente près d’un quart des tissus fabriqués dans le monde. En un demi-siècle, sa production mondiale a plus que doublé pour atteindre plus de 26 millions de tonnes en 2020. Il est cultivé sur cinq continents, dans des conditions variables qui vont de la monoculture intensive à la culture traditionnelle dans des petites exploitations agricoles. En Afrique et en Asie, des millions de producteurs et productrices, situés en début de la chaîne d’approvisionnement de la filière textile, sont très fragilisés. Les travailleurs et travailleuses de l'industrie textile souffrent quant à eux de conditions de travail très difficiles.

Des revenus insuffisants et incertains pour les producteurs de coton
  • Les prix du coton, trop bas, ne couvrent pas les coûts de production. Dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest et centrale, le coton revêt une importance économique et sociale considérable. Au Mali, par exemple, sa culture fait vivre 4 millions de personnes et constitue la 1ère source de recettes d'exportation du pays. Les producteurs et productrices y sont pourtant touchés de plein fouet par la baisse du prix du coton depuis les années 1970.
  • Les prix fluctuent au gré de l'offre des pays exportateurs et de la demande d'une puissante industrie textile, où le coton est concurrencé par des fibres synthétiques comme le polyester et le nylon. Dans ce contexte, il est impossible pour les cultivateurs de mettre en place des projets pour l'avenir.
  • Les fortes subventions dont bénéficient les producteurs de certains pays grands fournisseurs de coton notamment aux États-Unis et en Chine, font subir aux producteurs des pays moins avancés une concurrence à armes inégales. L'exemple emblématique est celui des États-Unis : d'importantes aides publiques permettent de maintenir des niveaux élevés de production et d'exporter le coton à un prix très compétitif, décorrélé des coûts de production qui sont pourtant les plus élevés du monde. Les producteurs sont dans l'impossibilité de tirer leur épingle du jeu malgré des coûts de production faibles.
Une dégradation préoccupante de l'environnement
  • Le coton est l'une des cultures les plus polluantes au monde en raison des grandes quantités d'eau nécessaire pour l’irrigation (excepté en Afrique où la majorité des cultures sont pluviales) et de produits chimiques qu'il requiert. Selon les experts de l’ONU, l'utilisation globale des pesticides provoque ainsi chaque année la mort de plus de 200 000 personnes. Ces décès surviennent principalement dans les pays en développement.
  • Le coton OGM concerne 81 % de la production mondiale. Soumis à une forte pression économique, les producteurs n'ont souvent d'autre choix que d'adopter des semences génétiquement modifiées qui leur assurent un meilleur rendement et une réduction de traitement chimique. En revanche, pour se les procurer, la plupart doivent s’endetter, avec des conséquences alarmantes : en Inde, par exemple, le taux de suicide est extrêmement élevé chez les producteurs de coton.
  • On observe des problèmes d'érosion et de baisse de fertilité des sols causées par la monoculture, les techniques culturales ou encore l’utilisation de pesticides et engrais chimiques.
  • Les producteurs sont très vulnérables face au changement climatique, dont les pays de l'hémisphère sud sont les premières victimes.
Des conditions de travail difficiles
  • Le travail des enfants est largement répandu à toutes les étapes de la transformation du coton :
    Le ramassage des fleurs de coton demande une main d’œuvre importante, notamment dans les pays pauvres où la récolte se fait encore manuellement.
    Dans les manufactures textiles, pour maintenir une compétitivité et baisser le coût de la main d’œuvre, le travail des enfants est encore courant, notamment au Bangladesh où le coût de la main d’œuvre est le moins élevé dans l’industrie textile.
  • Dans l'industrie du vêtement, les conditions de travail sont particulièrement éprouvantes et les journées très longues. Les travailleuses et les travailleurs qui tentent de former des syndicats subissent menaces de mort et agressions physiques.

2. Les réponses du coton équitable Fairtrade/Max Havelaar

Le commerce équitable Fairtrade/Max Havelaar soutient plusieurs dizaines de milliers de producteurs pratiquant une agriculture traditionnelle et familiale du coton, ainsi que les travailleurs de l'industrie textile.

Les coopératives de producteurs

Pour pouvoir bénéficier de la certification Fairtrade/Max Havelaar, les producteurs de petites exploitations familiales doivent se regrouper en coopératives qui leur donnent plus de poids face au marché. À travers elles, ils peuvent nouer des partenariats économiques directs et durables avec des industriels ou des marques. La gestion démocratique et transparente des coopératives permet par ailleurs une prise de conscience commune sur le développement social et environnemental nécessaire au bien-être et à l'avenir des communautés.

Deux exceptions : l'Inde et le Pakistan, où plusieurs communautés agricoles ne sont pas organisées sous forme de coopératives mais livrent leur coton à une entreprise directement. Celle-ci, qui le revend pour leur compte, doit elle-même respecter les cahiers des charges Fairtrade/Max Havelaar spécifiques pour les organisations dépendant d’une main d’œuvre salariée. Elle est contrôlée par FLOCERT, qui vérifie notamment que le gain supplémentaire lié à la vente du coton équitable est bel et bien adressé aux cultivateurs et aux cultivatrices.

Le prix minimum garanti

  • Les producteurs et productrices reçoivent pour leur récolte un prix minimum garanti, qui vise à couvrir les coûts de production et leur permettre de subvenir aux besoins de leur famille. Il est fixé par région de production et par variété cultivée, deux critères auxquels s’ajoute, en Inde, la longueur des fibres.
  • Il agit partout comme un filet de sécurité quand les prix s'effondrent. Bien sûr, si les cours sont supérieurs au prix minimum garanti Fairtrade/Max Havelaar, les producteurs bénéficient du prix le plus élevé. Vous pouvez consulter le prix minimum et la prime de développement sur le site de Fairtrade International.

La prime de développement

  • Il s'agit d'une somme d'argent supplémentaire, versée en plus du prix d'achat du coton, destinée à financer des projets collectifs bénéficiant à l'ensemble de la communauté. Elle est distribuée aux coopératives de producteurs qui décident démocratiquement de son utilisation en fonction de leurs besoins et de leurs priorités.
  • Alors que de nombreux producteurs et productrices vivent et travaillent dans des zones enclavées, elle permet notamment de financer des infrastructures et services sociaux de base (eau potable, santé, éducation...), de mettre en place des pratiques agricoles durables ou encore d'investir dans des équipements pour stocker et protéger les récoltes. En 2019, elle s’est élevée à 1,46 M€, dont 65% ont été investis dans les  services aux membres (matériels et intrants) et 21 % pour les services à la communauté (infrastructures, éducation).

La réglementation des conditions de travail

  • Les cahiers des charges Fairtrade/Max Havelaar interdisent le travail des enfants et le travail forcé, conformément aux conventions de l'Organisation internationale du travail (OIT).
  • Les bénéfices du commerce équitable (prix plus justes, formations, investissements pour la scolarité des enfants...) améliorent également à long terme les conditions de vie des familles et de la communauté toute entière.

Les mesures de protection de l'environnement

Le label Fairtrade/Max Havelaar exige le respect de critères environnementaux stricts, destinés à préserver les ressources naturelles et protéger la santé des populations :

  • Les OGM et les substances chimiques dangereuses sont interdits.
  • Les producteurs s'engagent à préserver les ressources naturelles notamment en optimisant l'utilisation de l'eau.

De nombreuses coopératives font également le choix d'investir leur prime de développement pour mettre en œuvre des pratiques agricoles plus durables, s'inscrivant souvent dans un contexte de conversion à l’agriculture biologique : systèmes d’irrigation goutte à goutte ou micro-irrigation, banques de semences, fumures organiques...

Les coopératives de producteurs certifiées Fairtrade/Max Havelaar

Au Sénégal, la coopérative de Kédougou

La coopérative de Kedougou est certifiée Fairtrade/Max Havelaar depuis 2005. Elle regroupe aujourd’hui 2 754 membres, dont 21 % de femmes, un taux relativement important compte tenu des réalités socioculturelles de la région. Elles ont ainsi accès à la terre, aux crédits et aux équipements agricoles.

La prime de développement a été utilisée pour la construction d'écoles, l'ouverture de centres de soin, l'adduction d'eau, la réfection des pistes rurales ou encore l'achat de moulins.

Où trouver les produits équitables Fairtrade/Max Havelaar ?

Tout sur le Standard Fairtrade pour le Textile