Les fleurs équitables

Au cours des 30 dernières années, l'industrie floricole et horticole a connu d'importantes mutations, avec notamment un transfert progressif de la production des pays de l'hémisphère Nord vers ceux de l'hémisphère Sud, où les conditions climatiques sont plus favorables et les coûts nettement plus bas. En Afrique et en Amérique du Sud, des pays comme le Kenya, l'Éthiopie ou l'Équateur sont ainsi devenus, en quelques années, les principaux fournisseurs de fleurs coupées – et notamment de roses – pour les marchés du Nord.

Dès le début des années 2000, pour répondre aux difficultés sociales et environnementales croissantes des plantations, le mouvement Fairtrade/Max Havelaar a intégré les fleurs dans ses filières de commerce équitable.

Empreinte carbone des fleurs : gare aux idées reçues

Les émissions de gaz à effet de serre liées à la production de roses Fairtrade/Max Havelaar au Kenya sont 5,5 fois moins élevées et la demande énergétique est 6,5 fois moins importante que la production sous serre en Europe. Recréer sur le continent européen les conditions climatiques naturellement idéales de l’Afrique de l’Est et de l’Amérique latine peut avoir un lourd impact carbone. (étude Treeze, 2018)

1. Les grands défis de la filière floricole

L'industrie horticole représentait plus de 35 milliards d'euros de chiffre d'affaire en 2019. Dans certains pays en développement et émergents, elle constitue une source importante de revenus et d'emplois. Au Kenya, par exemple, elle concerne 90 000 travailleurs et travailleuses, avec des retombées indirectes sur la vie de près de 2 millions de personnes.

Des salaires trop bas pour subvenir aux besoins des travailleurs et travailleuses

Dans les pays du Sud, la culture des fleurs est assurée par de grandes et moyennes plantations qui mobilisent, pour la culture, la récolte, la taille et l'emballage, une main d'œuvre abondante, constituée en grande partie de travailleuses et travailleurs sans terre.

L'industrie floricole est un marché très compétitif. Pour répondre aux attentes des acheteurs, en particulier en Europe où se concentre la moitié de la consommation mondiale, les détaillants ne cessent de baisser leurs prix. Cette tendance, qui a des répercussions sur l'ensemble de la chaîne d’approvisionnement, exerce une pression importante sur les salaires : au Kenya, par exemple, le salaire médian est de 83 $ par mois.

Des conditions de travail difficiles

A cette précarité s'ajoutent une forte instabilité de l’emploi, liée au caractère cyclique de la demande dans les pays consommateurs, ainsi que des conditions de travail très pénibles : journées très longues (en moyenne 52 heures par semaine), mauvaises conditions sanitaires, exposition récurrente à des produits chimiques nocifs sans vêtements de protection.

Par ailleurs, les droits d'association et de négociation collective, ainsi que la liberté syndicale, sont peu respectés. Quand les syndicats existent, leur influence est souvent faible.

Le niveau de formation des travailleurs est faible, ils connaissent rarement leurs droits en tant qu'employés et ignorent les risques de l'utilisation abondante de pesticides et autres produits chimiques.

Les travailleuses particulièrement fragilisées

Les femmes, qui cueillent les fleurs et travaillent dans les halles d'emballage, représentent environ la moitié des personnes travaillant dans les exploitations de fleurs et de plantes. Nombre d'entre elles sont des mères célibataires. 

De forts déséquilibres écologiques

La culture des fleurs nécessite de grandes quantités d'eau, parfois au détriment des populations locales.

De plus, les importateurs et consommateurs exigeant des fleurs impeccables, le recours aux pesticides, fongicides et engrais de synthèse est plus élevé dans l'industrie floricole que dans tout autre secteur agricole.

  • Ce recours massif aux intrants chimiques entraîne une forte pollution des sols et des réseaux hydriques.
  • Insuffisamment protégés, les producteurs et productrices en sont les premières victimes.

2. Les réponses du commerce équitable Fairtrade/Max Havelaar

Dans les fermes certifiées Fairtrade/Max Havelaar, les fleurs sont cultivées selon les critères d'un cahier des charges aux critères sociaux et environnementaux stricts.

Des salaires plus élevés et plus sûrs pour les travailleurs et travailleuses

  • Les salaires doivent respecter au minimum la référence la plus exigeante existante pour le secteur (salaire minimum légal national, convention collective du secteur ou encore niveau de salaire minimum officiellement reconnu dans le pays pour ce type de fonction). Si aucune de ces références n’est supérieur au seuil d’extrême pauvreté de la Banque Mondiale (équivalent à 1,90$/jour), c‘est au minimum le 1,90$/jour qui doit être respecté.
  • Afin de lutter contre la précarité de l'emploi, tout travail régulier doit être exécuté par un travailleur permanent.

Des critères environnementaux stricts

  • Le cahier des charges impose notamment une irrigation à consommation d'eau réduite, une gestion stricte des déchets et un respect de la biodiversité.
  • Les pesticides hautement toxiques et les OGM sont interdits.

Une prime de développement pour améliorer la vie des communautés

La prime de développement, outil central du commerce équitable, s'élève à 10 % de la valeur des exportations. Elle est versée par les acheteurs en plus du prix des fleurs. Les travailleurs et travailleuses déterminent son utilisation en toute autonomie, par le biais d'un comité élu. Cela renforce la responsabilité de chacun et les projets choisis profitent à l'ensemble de la communauté.

Des exemples d'utilisation de la prime de développement

Au Kenya

Dans la grande ferme horticole de Bigot Fleurs, qui emploie un millier de personnes, obtenir la certification Fairtrade/Max Havelaar a demandé de changer beaucoup de choses par rapport à la législation en vigueur.

Grâce au commerce équitable, près de 75 % des travailleurs agricoles sont désormais syndiqués. Ils décident eux-mêmes de l’utilisation de la prime de développement – sans que la direction n’intervienne. La moitié des primes sert à financer des bourses. Tous les employés reçoivent une aide financière pour payer les droits de scolarité de leurs enfants. Si le gouvernement kenyan tient sa promesse de diminuer le montant des frais de scolarité dès cette année, il restera davantage d’argent pour aider les employés à financer les études de leurs enfants.

Dans la région de Naivasha, plusieurs fermes floricoles certifiées Fairtrade/Max Havelaar se sont regroupées afin de financer un grand projet. C’est ainsi qu’elles ont pu construire la maternité de Naivasha il y a cinq ans. Depuis, 14 000 bébés y ont vu le jour. Il s’agit d’un progrès significatif pour la région. Plus de la moitié des employés du secteur floricole sont des femmes. Leur accès aux soins de santé s’est énormément amélioré. En outre, la ferme Bigot Fleurs a mis en place un programme de soutien pour les personnes séropositives.

En Équateur

La ferme Agrogana a été créée en 1999 dans la région de Cotopaxi, zone reconnue sur le marché international pour la qualité de ses fleurs. Alors qu'elle concernait 3 hectares au début de l'aventure, la culture des roses s'étend désormais sur 22 hectares. Depuis sa certification Fairtrade en 2003, la ferme accompagne ses 218 employés dans la mise en place de projets financés par la prime de développement :

  • Construction du Centre d'Études, où les enfants des travailleurs et de la communauté peuvent assister à des cours d'anglais et des cours de mathématiques.
  • Attribution de bourses d'éducation pour les enfants des employés (190 d'entre eux en ont bénéficié en 2015) et les employés eux-mêmes, qui peuvent ainsi reprendre leurs études.
  • Tous les trois mois, la ferme achète en gros des produits de première nécessité pour les travailleurs. Cela leur permet de ne pas investir eux-mêmes et surtout d'obtenir des tarifs avantageux.

De meilleures conditions de travail

  • Le cahier des charges Fairtrade/Max Havelaar favorise les contrats de travail à durée indéterminée.
  • Il exige une durée de travail réglementée, la liberté de se réunir et de créer des syndicats, le port de vêtements de protection et des formations pour apprendre à manipuler les produits chimiques en toute sécurité.

Des mesures spécifiques pour les femmes

  • Le renforcement économique des femmes est promu, tout comme l'égalité d'accès à la formation et aux soins médicaux.
  • La protection de la maternité, avec notamment l’interdiction de licencier une femme parce qu’elle est enceinte.

« Ici, il n'y a pas de discriminations, nous avons tous les mêmes chances. » témoigne Zavedi Kagoki, employée dans la ferme horticole d’Oserian au Kenya. 

Où trouver des fleurs équitables en France ?

En ligne :

Chez un fleuriste proche de chez-vous

Chez certains de vos fleuristes Au Nom de la Rose

En grande distribution :

  • Toute l’année chez Aldi, Monoprix, Système U ;
  • Ponctuellement chez Carrefour, E.Leclerc et Intermarché ;

 

 

Les fermes horticoles certifiées Fairtrade/Max Havelaar dans le monde

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