La vanille équitable de Madagascar, rencontre avec des coopératives certifiées

Dans le cadre d’un projet d’amélioration des conditions de vie des petit.e.s producteur.rice.s de vanille équitable, Sophie, notre Responsable Partenariats Entreprises, s’est rendue fin 2019, à Madagascar afin de mieux comprendre les enjeux de la filière vanille, de rencontrer et échanger avec les producteur.rice.s. Découvrez son récit.

La vanille : l’or vert de Madagascar

Madagascar est le premier pays producteur mondial de vanille que l’on appelle « l’Or vert de Madagascar » car c’est la deuxième épice la plus chère au monde. C’est une liane grimpante de la famille des orchidées qui se récolte 8 à 10 mois après la floraison à partir du mois d’août.

En arrivant à Madagascar je me suis rendue à Sambava, à la 2ème édition de la Foire économique de la Sava co-organisée par Fairtrade Africa . Située au nord-est de l’île, la Sava est la 1ère région productrice mondiale de vanille. Pendant 4 jours, j’ai eu l’opportunité de rencontrer les producteur.rice.s des 9 coopératives certifiées Fairtrade/Max Havelaar présentes, divers acteurs économiques de la région ainsi que les autorités telles que la Ministre du Commerce et de l’Industrie ou le Gouverneur de la région Sava qui sont intervenus lors de la conférence présentée par Fairtrade Africa sur le thème « Revisiter les propositions pour maintenir la qualité de la vanille à Madagascar ».

Notre représentant de Fairtrade Africa, Jean-Philippe Zanavelo, a pu exposer les problématiques majeures des producteur.trice.s de vanille : vols de vanille et manques de contrôle de l’État, volatilité des prix, forte dépendance à la culture de la vanille, dérèglement climatique, spéculation d’acheteurs opportunistes, manque d’accompagnement à l’export, corruption…

La loi réglementant la culture de la vanille est très stricte. Les producteurs ne peuvent pas récolter avant la date officielle sous peine d’amende et la date d’ouverture des ventes est fixée par le gouvernement. Les vols de plants de vanille, en forte augmentation, incitent les producteur.trice.s à récolter avant la maturité et conduisent à une importante baisse de la qualité.

Les membres du gouvernement présents se sont engagés à la mise en place de plus de sanctions pour les voleurs et receleurs, plus de sensibilisation, de barrages pour les contrôles de police et une plus grande professionnalisation du secteur.

Chaque matin, avant la Foire, nous organisions avec Jean-Philippe, des sessions d’échanges avec les producteur.rice.s des coopératives certifiées. Une occasion unique d’être à l’écoute de leurs problématiques sur le terrain et de participer à un échange de bonnes pratiques entre coopératives (comme par exemple le développement des formations de transformation de la vanille verte en vanille séchée pour accroître la valeur ajoutée et les revenus des membres).

 

J’ai, par ailleurs, pu longuement interviewer les membres des 9 coopératives qui exposaient afin de recueillir leur sentiment sur les améliorations apportées par la certification Fairtrade/Max Havelaar.

Ainsi, Rémi Lahikafy, président de la coopérative COMAM m’a confié : « Depuis la certification Fairtrade/Max Havelaar, le niveau de vie des planteurs a changé et le prix s’est amélioré. Ils arrivent à construire des maisons en dur avec l’électricité ».

Visite d’une coopérative certifiée

Après la Foire, j’ai pu me rendre sur le terrain et visiter la coopérative Théodore Vanille, située à  Ampanakana, à 2h30 de Sambava.

Nous avons traversé des paysages luxuriants où se mêlent des cultures disparates de cacao, café, canne à sucre, vanille, mangue, etc. ainsi que des villages de maisons traditionnelles faites en arbre du voyageur (peu de maisons en dur et très peu de routes goudronnées).

La coopérative Théodore Vanille, certifiée depuis 2014, est présidée par Modeste Totofeno, maire du village. Une douzaine de membres nous accueille dans cette coopérative où l’on cultive et vend uniquement de la vanille (verte et séchée).

J’ai eu la chance de pouvoir assister à la pollinisation des fleurs qui se fait quotidiennement à la main d’octobre à décembre. En effet, la vanille – Vanilla planifolia – ayant été importée d’Amérique centrale, il n’y a pas d’abeilles pollinisatrices à Madagascar. Chaque producteur.rice peut ainsi polliniser jusqu’à 600 fleurs. A l’aide d’une petite aiguille en bois, il/elle dépose des grains de pollen mâle sur le pistil femelle. Les fleurs fécondées se transforment en gousse.

https://www.youtube.com/watch?v=cbDMsZnDZcw

Ces dernières années, Théodore Vanille a dû faire face à des pluies de plus en plus intenses dans la région. La prime de développement Fairtrade/Max Havelaar leur a permis de construire et réparer plusieurs ponts afin de faciliter le transport et la circulation des membres de la coopérative et de leur famille.

 

 

Comment se prépare la vanille ?

Les gousses de vanilles vertes, inodores, subissent un échaudage (3 minutes dans une eau à 65°C) pour stopper la maturation. Elles sont ensuite conservées 24 à 72 heures dans de la laine au sein d’une caisse en bois pour ôter l’humidité. C’est l’étuvage, qui développe les arômes et noircit les gousses. Puis, les gousses sont séchées au soleil pendant 1 à 2 semaines et à l’ombre pendant 1 à 2 mois avant d’être affinées dans un papier sulfurisé et enfin triées et calibrées.

Il faut 5 à 6 kg de vanille verte pour produire 1 kg de vanille séchée.

Face à la pandémie COVID-19

Comme partout dans le monde, les producteur.rice.s de vanille subissent les conséquences de la pandémie qui sévit depuis mars 2020.

Alors que la récolte de la vanille semble abondante, la demande internationale est faible, ce qui entraine une chute des prix. Le gouvernement a pris des mesures afin d’encadrer plus strictement la filière et a décidé de reculer au 15 juillet 2020 le lancement officiel de la campagne (récolte) et au 15 septembre les débuts des exportations pour encourager une meilleure maturité des gousses (Source : rfi)