Fast fashion : quel impact pour les travailleurs et la planète ?

Les soldes arrivent avec leur lot de vêtements à petits prix. Ces promotions témoignent du nouveau modèle économique de la fast fashion qui à défaut de produire des vêtements de qualité, produit en quantité, rapidement et à moindre coût. On estime d’ailleurs aujourd’hui que la moitié des habits sont vendus soldés et que certains ont même été produits spécialement pour cette occasion. Retour sur les enjeux de l’industrie de la mode et du textile.

 

La fast fashion, qu’est-ce que c’est ?

Si la notion de fast fashion est de plus en plus mise en avant dans les médias ces dernières années, son apparition remonte en réalité au début des années 1990. Elle désigne les entreprises de mode proposant un renouvellement permanent de leurs collections, tous les mois voire toutes les semaines et ce, à des prix dérisoirement bas. Contre les 4 collections saisonnières traditionnelles, ce sont désormais jusqu’à 36 collections par an que nous pouvons retrouver dans certains magasins ! Pour tenir ce business model, les marques doivent baisser au maximum leurs coûts de production et vont pour cela, produire leurs vêtements à l’autre bout du monde notamment dans des pays d’Asie où la main d’œuvre y est nombreuse et moins chère. De plus, la qualité du vêtement est également revue à la baisse : matériaux peu solides, produits chimiques … la durée de vie des vêtements se voit réduite.

La fast fashion, quelles conséquences ?

Si le prix de la fast fashion est bas, son coût social est quant à lui élevé.

  • Les travailleurs et travailleuses du textile vivent dans une situation de grande précarité comme en témoignent les 3,5 millions de travailleurs et travailleuses de l’habillement ayant perdu leur emploi, manqué des mois de salaire ou vu leur salaire réduit à cause de la crise Covid[1]
  • Une précarité renforcée par des salaires bas voire très bas loin d’assurer un revenu vital pour les ouvriers et ouvrières du secteur. La plupart des vêtements sont ainsi produits au Bangladesh ou au Pakistan où les salaires figurent parmi les plus bas du monde. A titre d’exemples, au Bangladesh, le salaire moyen est de 0,27€/heure et 0,46€/heure pour le Pakistan[2]
  • Une situation injuste rendue possible par les difficiles rapports de force entre les travailleurs et travailleuses et leur hiérarchie. On estime ainsi que plus de 90% des travailleurs et travailleuses de l'industrie mondiale de l’habillement n'ont pas la possibilité de négocier leurs salaires ou leurs conditions de travail

Ce contexte pèse sur les quelques 60 millions d’ouvrières textile travaillant dans le monde, pour qui les journées durent en moyenne 12 heures et gagnent 1 centime d’euro par pièce soit à peine 0,6% du prix du vêtement fini[3]. Enfin, un risque accru de travail des enfants est à craindre dans cette industrie où les salaires dramatiquement bas maintiennent les ouvriers et ouvrières et leurs familles dans une situation de grande vulnérabilité. Pour aider leurs familles, certains enfants se voient donc contraints de travailler. Ainsi, au Bangladesh, 15% des enfants entre 6 et 14 ans des bidonvilles de la capitale de Dacca travaillent 64 heures par semaine dans l’industrie du textile. Ce chiffre s’élève à 50% pour les enfants de 14 à 16 ans[4]

 

La fast fashion est loin d’être sans conséquences pour la Planète.

  • On estime aujourd’hui que l’industrie du textile figure parmi les industries les plus polluantes et est responsable de 4% des émissions de Gaz à Effet de Serre[5] soit plus que les vols internationaux et le trafic maritime réunis.
  • La mode occasionne aussi d’innombrables déchets textiles  : 87% des matériaux textiles utilisés pour la fabrication des vêtements sont jetés selon la Fondation Ellen MacArthur en 2017.
  • De plus, la production et l'utilisation de textiles est très gourmande en eau et figure à la 3e place des secteurs consommateurs en eau dans le monde[6], sans parler du fait que le textile est responsable de 25% de la pollution des eaux mondiales, ce qui en fait également la plus importante source de pollution océanique en micro-plastiques[7]. A titre d’exemple, fabriquer un tee-shirt revient à 70 douches et pour un jean, le nombre s’élève à 285 soit l’équivalent de 7 000 à 10 000 litres d'eau.

 

 

La slow fashion, pour qui ? Pour quoi ?

Face à de tels enjeux et de tels chiffres, les Français et les Françaises sont de plus en plus nombreux et nombreuses à réclamer une mode plus éthique et responsable. Selon le 2° Baromètre de la Transition Alimentaire mené par Max Havelaar France avec OpinionWay, les habitants de l’hexagone sont 27% à privilégier l’habillement, le textile et la mode pour leurs achats en produits responsables. Construite en opposition au modèle de la fast fashion, de plus en plus de personnes se tournent vers la slow fashion axée sur une fabrication plus respectueuse des individus, de l’environnement et des animaux. Si la seconde main et le recyclage constituent des alternatives intéressantes pour repenser notre manière de consommer, le commerce équitable figure également parmi ces solutions. Une récente étude menée par Fashion Revolution démontrait que les Européens et Européennes aimeraient se tourner davantage vers une mode plus respectueuse de la planète et des Hommes, rémunérant à leur juste valeur le travail des ouvriers et ouvrières du textile afin que leurs conditions de vie s’améliorent. Autant d’attentes auxquelles le commerce équitable Fairtrade/Max Havelaar répond avec ses filières coton et textile équitables.

 

Fairtrade/Max Havelaar s’engage pour une industrie textile responsable

Tandis que le label coton garantit entres autres un prix minimum et une prime de développement collective aux producteurs et productrices de coton, le label textile vise quant à lui à améliorer les conditions de travail et à renforcer les droits des travailleurs et travailleuses du textile. Les standards Fairtrade engagent ainsi les fabricants et les marques à s’assurer notamment que les ouvriers et ouvrières jouissent de la liberté d’organisation et de syndicalisation, travaillent dans de meilleures conditions et obtiennent de meilleures conditions de rémunération visant un revenu vital. Le label impose également un usage réglementé et limité des produits chimiques et la protection des salariés et salariées. Il s’agit donc pour Fairtrade/Max Havelaar de rendre plus juste et durable le secteur textile en contribuant à la mise en œuvre concrète des objectifs de développement durable.

 

Lire aussi :

 

Sources : 


[1]Rapport du Centre for Global Workers Rights (CGWR) et du Worker Rights Consortium, 2020

[2]La mode sans dessus dessous, ADEME et Qu'est-ce qu'on fait ?!, 2018

[3]"No room to Bargain" : Unfair and Abusive Labor Practices in Pakistan, Human Rights Watch, 2019

[4]Enquête de l'Overseas Development Institute, 2016

[5]Bilan mondial de l'action climat par secteur, Climate Chance, 2020

[6]La mode sans dessus dessous, ADEME et Qu'est-ce qu'on fait ?!, 2018

[7]Bilan mondial de l'action climat par secteur, Climate Chance, 2020