Crise du Covid-19 : un risque accru de travail des enfants

La crise du Covid-19 est un désastre pour des millions d’enfants dans le monde. En cette journée mondiale contre le travail des enfants, il est important de rappeler que cette crise génère des risques élevés d’atteinte à leurs droits.

Les Nations Unies et les associations de protection des droits de l’enfant le rappellent, la pandémie du Covid-19 est une catastrophe pour des millions d’enfants. Fermeture d’écoles, manque de main d’œuvre, les enfants sont plus susceptibles de devoir travailler dans ces conditions. De plus si les parents sont atteints par le virus, les enfants et les jeunes, en particulier les filles, peuvent avoir à assumer de plus grandes responsabilités pour la survie de leur famille.

 

 

Crise économique : plus de risques pour les enfants d’être exploités

L’impact n’est pas seulement immédiat. Sur le plus long terme, la crise économique va plonger encore plus de personnes dans la pauvreté et probablement plus d’enfants dans le travail infantile. Des propositions ont déjà été faites pour ajuster les exigences juridiques pour les jeunes travailleurs (16 ans et plus) pour travailler afin de pallier les manques de main d’œuvre dans la filière café.* Il est probable que d’autres secteurs et pays suivent, annulant ainsi des acquis durement gagnés. Les pays où les gouvernements ont peu de ressources et un système juridique vacillant vont voir augmenter les cas de travail d’enfants, en particulier dans les secteurs ruraux et agricoles.

Les défis sont grands et le mouvement Fairtrade/Max Havelaar tente d’y répondre de quatre manières :

Informer et sensibiliser

Les réseaux de producteur.rice.s du mouvement Fairtrade/Max Havelaar travaillent en étroite collaboration avec les organisations de producteur.rice.s pour les informer de la corrélation entre travail des enfants et Covid-19 et donc les alerter des risques. En Afrique de l’Ouest, les coopératives certifiées Fairtrade/Max Havelaar utilisent la radio et les centres locaux d’information pour sensibiliser les communautés au risque de travail des enfants qui augmente. Au Sri Lanka et aux Philippines, un concours de dessin pour les enfants a donné à deux coopératives l’opportunité d’engager le contact avec des familles de producteur.rice.s. Ils ont de cette manière pu leur rappeler les risques liés au Covid-19.

Des fonds pour répondre aux besoins à court et long terme

Le nouveau fonds du mouvement Fairtrade/Max Havelaar “Relief” donne aux producteur.rice.s les ressources nécessaires à l’investissement dans la sécurité sanitaire et l’amélioration des conditions de vie des producteur.rice.s et de leurs familles, par exemple en payant temporairement les salaires des travailleur.se.s se retrouvant sans emploi pour une durée indéterminée ou en finançant les soins d’urgence. Cela permet de réduire le risque pour les enfants de se retrouver à travailler pour aider leur famille.

Les organisations de producteur.rice.s peuvent également utiliser la prime de développement Fairtrade/Max Havelaar de manière plus flexible pour des besoins immédiats liés au Covid-19. Par exemple, dans certaines familles, le repas du midi pris à l’école par les enfants est le seul repas qu’ils auront dans la journée. Des paniers de nourriture ont donc été fournis dans certains coopératives grâce à la prime de développement afin de répondre à cet enjeu vital.

Un autre fonds arrive, le Fonds de résilience et a pour but de répondre aux besoins économiques sur le long terme, en incluant des programmes adaptés sur le maintien du respect des droits humains dans la chaine de valeur.

Prendre le problème à la racine : pauvreté, exploitation et discrimination

Le travail des enfants est la conséquence de plusieurs facteurs : la pauvreté, l’exploitation et la discrimination. Ce n’est pas un hasard si 2 millions d’enfants doivent travailler en Afrique de l’Ouest, où beaucoup de producteur.rice.s de cacao gagnent moins d’1,50$ par jour.

Nous pensons que le meilleur moyen d’éliminer l’extrême pauvreté est de rémunérer les producteur.rice.s et les travailleur.se.s un prix juste pour leurs récoltes. Nous travaillons pour arriver à des revenus décents, par exemple en mettant en place des études sur le revenu minimum et les salaires, en faisant la promotion des accords de négociation collective, et en protégeant les producteur.rice.s des fluctuations du marché grâce aux prix minimum garantis. De plus, les standards du mouvement Fairtrade/Max Havelaar interdisent toute forme de violence et de discrimination.

Appeler les gouvernements à agir pour la protection des populations les plus vulnérables

Plusieurs organisations de producteur.rice.s certifiées Fairtrade/Max Havelaar ont pris l’initiative de pallier le travail des enfants en intégrant le système de suivi et de remédiation pour les jeunes du mouvement Fairtrade/Max Havelaar, qui a fait ses preuves en responsabilisant les communautés à identifier les cas de travail d’enfants et en sensibilisant au sujet et soulignant les risques liés. Mais à cause du manque de soutien des gouvernements ou des agences d’experts, nombre de ces producteur.rice.s se sentent abandonnés et impuissants s’ils se trouvent face à un cas de travail d’enfant. Ils cherchent urgemment des solutions et appellent leurs gouvernements à les soutenir.

Le mouvement Fairtrade/Max Havelaar apporte un soutien et se charge de contacter les ONG locales qui luttent pour les droits de l’enfant afin d’aider les producteur.rice.s chaque fois que cela s’avère nécessaire. Mais nous ne pouvons pas résoudre ce problème tous seuls. Nous ne pouvons pas remplacer les gouvernements en répondant et remédiant aux cas de travail d’enfants, qui peuvent revêtir des formes inimaginables.

Le mouvement Fairtrade/Max Havelaar appelle les gouvernements, les entreprises et les corps internationaux à investir plus et à s’engager pour protéger les enfants piégés dans le travail infantile. Si nous voulons que l’Objectif de Développement Durable pour la fin du travail des enfants d’ici 2025 se réalise, nous devons tous nous engager à travailler ensemble pour les protéger et construire une économie plus durable, plus juste et plus inclusive au lendemain de la crise du Covid-19. Des millions d’enfants et de jeunes comptent sur nous pour agir maintenant de manière décisive.

Article source :  https://www.fairtrade.net/news/covid19-risks-driving-more-child-labour

Cette phrase concernant les propositions de changement de loi du travail pour le secteur du café a été modifiée. La Fédération Nationale de Café du pays a proposé d’employer des jeunes de 16 ans et plus pour pallier le manque de main d’œuvre pendant la récolte de café, mais cette proposition ne va pas à l’encontre de la loi puisque l’âge minimum légal pour travailler en Colombie est actuellement de 15 ans sur des tâches non-dangereuses.